Les sondages indiquent que Philippe Couillard héritera du poste de premier ministre du Québec demain soir — probablement avec un gouvernement majoritaire. Plusieurs facteurs pourraient toutefois mener à un résultat fort différent de celui qui est attendu. Après cinq semaines de campagne, voici comment se dessine la soirée électorale pour chacun des quatre principaux partis.
Parti libéral du Québec (PLQ)
Projection : 39,0 % d’appuis, 69 sièges
Intervalles probables : 37,4 % à 42,9 % d’appuis, 59 à 76 sièges
Intervalles possibles : 35,1 % à 49,9 % d’appuis, 47 à 82 sièges
Le PLQ a mené une campagne très stable ; ses appuis n’ont pas beaucoup changé depuis plus de trois semaines. Mais son sort dépend sur le des autres partis. Si le Parti québécois connait un rebond, ou si la Coalition avenir Québec continue sur sa lancée, le PLQ pourrait se retrouver avec un gouvernement minoritaire. Et si les sondages ont tort, un retour dans l’opposition est possible.
Ce dernier résultat n’est cependant pas probable. Le PLQ mène à Montréal (avec un taux d’appuis entre 47 % et 54 %), dans la couronne de Montréal (31 % – 36 %), dans la ville de Québec (37 % – 42 %), et dans les régions (36 % – 41 %). C’est là, par contre, où le PLQ est moins sécuritaire. Les intervalles probables sont assez petits dans les régions de Montréal et la capitale, mais dans les autres régions le PLQ pourrait gagner entre 22 et 35 sièges. Donc, c’est dans les régions que le type de gouvernement sera décidé.
Parti québécois (PQ)
Projection : 27,6 % d’appuis, 45 sièges
Intervalles probables : 26,7 % à 30,3 % d’appuis, 39 à 55 sièges
Intervalles possibles : 26,5 % à 35,3 % d’appuis, 32 à 63 sièges
Quelle campagne désastreuse pour Pauline Marois. Le PQ pouvait compter sur l’appui de 38 % des électeurs québécois au moment du déclenchement de la campagne, mais la chute de sa popularité a été constante du début à la fin. Actuellement, le PQ ne peut espérer faire mieux que d’empêcher M. Couillard de former un gouvernement majoritaire. La réélection d’un gouvernement péquiste est envisageable seulement si les sondeurs ont fait des erreurs importantes.
Dans les deux plus grandes villes du Québec, le PQ n’a tout simplement pas les appuis nécessaires pour faire des gains : les appuis au parti de Mme Marois se situent entre 20 % et 23 % sur l’île de Montréal et entre 19 % et 21 % à Québec, où les péquistes comptaient faire des gains en début de campagne. Le parti est beaucoup plus compétitif dans la couronne de Montréal (31 % à 35 %) et dans les régions (30 % à 34 %). De bonnes performances ici pourraient, au moins, assurer au PQ le même nombre de sièges qu’il détenait avant l’élection.
Coalition avenir Québec (CAQ)
Projection : 22,7 % d’appuis, 9 sièges
Intervalles probables : 20,9 % à 24,3 % d’appuis, 5 à 13 sièges
Intervalles possibles : 18,6 % à 26,5 % d’appuis, 4 à 21 sièges
Il y a moins de trois semaines, François Legault et son parti se dirigeaient vers une défaite cuisante, avec une récolte probable de seulement quelques sièges et un maigre taux d’appui. Mais la CAQ a fait des gains significatifs ces derniers jours. Tous les sondages le démontrent : après avoir enregistré des appuis de 13 % le 19 mars, les derniers sondages de Léger et Angus Reid donnent entre 23 % et 25 % d’appuis à la CAQ.
Bien qu’il soit probablement trop tard pour que le Québec se donne Legault, une performance respectable — peut-être même meilleure que celle de 2012, relativement au nombre de sièges — est possible. Les tendances sont bonnes pour M. Legault, mais contrairement à ses rivaux libéraux et péquistes, le parti ne pourra s’appuyer sur une solide organisation sur le terrain et l’électorat caquiste est beaucoup moins décidé que celui du PQ et PLQ.
Le parti ne fera pas de gains à Montréal (entre 12 % et 14 % d’appuis). C’est à Québec où la CAQ fait meilleure figure (31 % à 36 %), mais le parti est aussi dans le jeu dans la couronne de Montréal (24 % à 28 %) et dans les régions (21 % à 24 %). Si tout va bien pour M. Legault, chacune de ces trois régions pourrait lui fournir une demi-douzaine de sièges.
Québec solidaire (QS)
Projection : 8,4 % d’appuis, 2 sièges
Intervalles probables : 7,7 % à 8,9 % d’appuis, 2 sièges
Intervalles possibles : 6,9 % à 9,8 % d’appuis, 2 à 4 sièges
Québec solidaire se dirige vers sa meilleure performance électorale depuis ses débuts, surtout en ce qui a trait au taux d’appuis. Les sondages indiquent qu’une récolte d’entre 7 % et 13 % des votes est possible, même si, dans les élections précédentes, le parti n’est jamais parvenu à obtenir les appuis que les sondages leur avaient prédits. Néanmoins, avec une bonne campagne et un Parti québécois en chute libre, des gains sont probables.
Est-ce que QS gagnera ce troisième siège tant espéré ? Chose certaine, si celui-ci se concrétise, il sera sur l’île de Montréal (la popularité du parti se situe entre 6 % et 7 % ailleurs au Québec). Avec 13 % à 15 % des appuis à Montréal, la projection ne prédit pas de siège additionnel à QS. Cependant, la marge pour un petit parti est plus grande que celle de ses rivaux plus établis. Avec une petite hausse de ses appuis, QS pourrait gagner un troisième – même un quatrième – siège. Mais c’est loin d’être assuré.
N.B. Ceci sera la dernière projection de ThreeHundredEight.com pour L’actualité. Si de nouveaux sondages sont publiés au cours de la journée, la projection disponible au ThreeHundredEight.com pourrait changer.
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À propos d’Éric Grenier
Éric Grenier est le créateur de ThreeHundredEight.com, où il analyse les sondages politiques et les tendances électorales. Il collabore au Globe and Mail, Huffington Post Canada, et le Hill Times.
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