Bien des journalistes vous le diront : rien ne vaut le confinement d’un siège d’avion pour soutirer des informations ! Quand je pars en reportage à l’étranger, je commence à travailler bien avant d’arriver.
Dès l’embarquement, je vois des passagers échanger poignées de main et cartes de visite. Chaque fois, je me dis que l’aéroport est devenu le terrain de golf de la nouvelle génération de gens d’affaires.
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Certaines liaisons sont plus propices que d’autres pour réseauter. J’aimerais bien monter à bord du légendaire Bangalore Express, ce vol de la compagnie aérienne allemande Lufthansa qui transporte quotidiennement des entrepreneurs de la Silicon Valley vers Bangalore, capitale technologique de l’Inde.
Cette liaison est si bien fréquentée depuis son inauguration, en 2001, que certains n’hésitent pas à payer 17 300 dollars pour un aller-retour en première classe, dans l’espoir de faire le trajet aux côtés d’un PDG influent !
Le vol quotidien vers San Francisco qu’a inauguré, il y a quelques semaines, Air Canada, deviendra-t-il notre San Francisco Express ? Autrefois limitée à l’été, la liaison est maintenant offerte toute l’année.
Michel Archambault, président du Bureau des gouverneurs de la chaire de tourisme Transat, à l’UQAM, s’en réjouit. Depuis une dizaine d’années, il milite pour qu’il y ait plus de liaisons directes entre Montréal et les points chauds de l’économie mondiale. « Imaginez, Montréal n’a aucun vol direct vers l’Asie, alors que Toronto en compte 63 ! »
En se basant sur des études réalisées pour des villes américaines de taille comparable, il estime que Montréal est privée de retombées de plus de 300 millions de dollars par année. « Il y a 10 millions de passagers qui transitent chaque année par Toronto en provenance de Montréal. Juste en taxes de transit, les Québécois ont laissé depuis 10 ans à l’aéroport Pearson l’équivalent de deux toits du Stade olympique. »
Il y a un an, Michel Archambault a soulevé un tollé en dénonçant ce fait dans une lettre au quotidien Le Devoir. Son intervention a été perçue comme une charge contre le principal transporteur aérien du pays, Air Canada, qui a fait de Toronto sa plaque tournante. « C’était surtout une sonnette d’alarme destinée aux acteurs économiques et touristiques », dit-il.
Selon l’Organisation mondiale du tourisme, 100 millions de touristes chinois sillonneront la planète d’ici 2020. Pour les attirer ici, il faut offrir des vols directs, croit Michel Archambault. Déjà, depuis que le Canada a obtenu le statut de destination approuvée par Pékin, en juin 2010, le nombre de voyages effectués par des Chinois au Québec a augmenté de 90 %.
Air Canada n’est pas sourde à cette nouvelle réalité. Le transporteur négocie déjà avec Aéroports de Montréal (ADM) et Air China pour offrir un vol direct entre Pékin et Montréal. Mais la première liaison ne sera pas effective avant 2015, selon ADM. Il faut d’abord pouvoir offrir des heures de vol décentes — l’aéroport de Pékin, dont la capacité est de 82 millions de passagers par an (au deuxième rang mondial, après Atlanta), est ultra-congestionné. Ensuite, il faut des appareils technologiquement capables d’effectuer le vol sans escale, ce que pourront faire les DreamLiner, qui seront livrés à Air Canada en 2014. Et il faut les remplir, ces avions ! Selon ADM, 150 personnes s’embarquent chaque jour à Montréal à destination de la Chine, via Toronto. Cela représente 60 % de la capacité totale du vol. C’est déjà ça.
Enfin, le succès d’une liaison directe repose sur les voyageurs d’affaires. L’aéroport de Calgary a réussi à obtenir un vol direct vers Tokyo en offrant à Air Canada une réduction de ses frais aéroportuaires et en finançant une campagne de promotion auprès des gens d’affaires en Alberta, mais aussi au Japon !
Alors, on le prend quand, ce San Francisco Express ?
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