Une partie de l'équipe Atacamag est partie dans le nord de la Laponie pour vivre un trip "trappeur" en canoë...
Ca y est, c'est parti, après une bonne heure de préparation nous roulons désormais à plus de 80 km/h sur les routes, ou plutôt les chemins finnois bien tassés. Au volant, Tania ne lésine pas et enchaîne les slaloms entre les nids de poule. Sa conduite est sûre mais pas tellement rassurante : c'est un peu une Tommi MÄKINEN en puissance qui conduit tout en dessinant une fleur sur un post-it pour expliquer à Momo ce qu'est une « mûre arctique ». En plus de se situer dans le haut du classement en matière de compétitivité économique la Finlande est un pays peuplé de rennes, riche en lacs et traversé par de nombreuses rivières et d'immenses forêts. C'est notre esprit d'aventure qui nous a poussé à nous y rendre. Le thème était clair dès la naissance du projet : louer des canoës et partir en mode trappeur. Nous y voilà donc, après avoir passé le cercle polaire. Arrivés à la ville d'Ivalo, nous nous dirigeons maintenant vers la rivière Ivalojoki qui sera pendant 5 jours la bonne voie à suivre…En tout, environ 60 kilomètres jusqu'à un « pont » ou bien 90 jusqu'à la ville mais avec 30 kilomètres de plat sec sur la fin.
Après les dernières recommandations de notre Davy(e) Crockett locale nous commençons à descendre cette rivière tant attendue. Le jour idéal pour partir : un grand ciel bleu, un soleil de plomb, aucun moustique et bien sûr pas de nuit puisque nous sommes en Laponie ! Comme si nous étions dans un film, en plus de ces conditions parfaites, voilà Dédé qui me dit : « _ Jeannot, regarde sur la droite, un renne qui nous accompagne ! » « _ Oui superbe, pourvu que ça dure… » « _ Ouais t'as raison, en tout cas on est quand même mieux qu'à l'usine ! »
A peine le temps de prendre en main nos canoës que nous sommes déjà arrivés à notre premier lieu de campement. L'endroit idéal : un petit refuge en rondin, une grosse réserve de bois, un coin veillé autour du feu et la rivière qui attend nos cannes à pêche. Calée au bord de celle-ci une bande de pêcheurs, sortie tout droit d'un livre de Jack London, sirote tranquillement une bière en attendant « l'heure » de la pêche. « _ Salut ! Excusez-nous mais nous n'avons pas l'habitude de pêcher en Finlande, pourriez vous nous montrer comment s'y prendre ? » « _ Ok pas de soucis mais il faut attendre 22h pour la pêche, c'est à cette heure là que ça commence à mordre. Et vous, d'où venez-vous ? » « _ France. » « _ Ahh Paris ! » « Euh… non pas vraiment. Plus des Alpes françaises… » « _ Je suis venu dans votre pays lors du dernier « big storm », je suis bûcheron… » Effectivement, nous aurions dû le deviner avec sa belle chemise rouge à carreaux… S'en suit la visite de leur tente, tout autant adaptée aux milieux hostiles que son propriétaire, avec de surcroît un poêle à bois et une rapidité de montage exceptionnelle !
Une fois notre campement installé, nous sortons les cannes à pêche, prêts a en découdre avec les truites qu'on rêve tous de manger depuis des jours. Et voilà notre Jeannot partie mettre en pratique ses talents de pêcheur…mais il reviendra malheureusement bredouille après une partie de pêche ardue…Pour le poisson, faudra revenir !
Désespéré, nous regardons nos voisins (des pros eux !) sortir des poissons de l'eau avec autant de facilité que nous, nous emmêlons nos fils de pêche… Et ils s'en sont bien rendu compte : le Jeannot, il a un peu du mal. Ils profitent de son absence pour venir voir Momo et lui proposer un petit sketch. Il en fallait pas plus pour qu'il accepte cette mascarade farfelue. Le voilà parti simuler la pêche miraculeuse de notre tant attendue truite…Il se retient de toute ses forces pour ne pas s'esclaffer de rire et c'est de loin que l'on peut entendre : « _ Yeeeaaahhh les gars, j'en ai chopé un ! » Humble mais un peu dégouté quand même, Jeannot se porte à son secours pour l'aider à récupérer cette prise miraculeuse. Momo insiste et les voilà gambadant tout les deux vers nos amis pêcheurs pour leur montrer la belle prise. Ils félicitent Momo, et nous voyons Jeannot et son petit rictus de dégoût lorsque l'un de nos voisins s'adressent à Momo : « _ I saw in your eyes than you were a good fisherman »
Et c'est autour de notre tout premier feu que l'on peut déguster l'unique poisson de la journée. Jeannot apprendra quelques heures plus tard toute l'histoire. Il lui faudra quelques minutes pour accepter la vérité, mais en tout cas, on aura bien rit ce jour-là. Et l'aventure ne fait que commencer ! La soirée passe et nous nous rendons compte qu'il est tard : 3h du matin ! La luminosité est resté telle que nous n'avons pas besoin de nos frontales.
Nous pagayons dans les rapides clairsemés sur notre parcours et évitons avec brio les nombreux pièges tendus. Nous consultons assez peu la carte et ses indications que Tania nous a fournies au départ. Il faut remarquer cependant que sont notés les différents passages (rapides, passages à prendre, …) sur la carte ainsi que le kilométrage, agrémenté de schémas du parcours. Cependant les distances nous semblent un peu farfelues et nous avons du mal à nous y retrouver... C'est pas grave, on gère ! On gère tellement bien qu'on se demande parfois si l'office de tourisme n'aurait pas envoyé des plongeurs pour nous faciliter discrètement le parcours... Au diable cette maudite carte, on se la joue « pro » ! De toute façon il suffit de suivre le cours de la rivière… Cependant les nombreux rapides ont raisons de certains : pour deux d'entre nous, c'est une autre histoire. Ils ont un peu de mal à maitriser leur canoë. La synchronisation du tandem mettra un peu plus de temps que pour les autres. Mais Tania nous avait prévenu : « _ At least one of you will fall in water ! » On vous a raconté les quelques exploits du Fred et du Seb ?! Bien c'est simple, c'était au début du trip quand ils n'avaient pas encore réussi à se comprendre sur le canoë, "barre à gauche…" "mais non c'est à droite, tu vois pas la grosse pierre !!!" en plouf ! Deux fois comme ça… Plus tard, nous rencontrons un baroudeur, un vrai de vrai ! On se saluent, des sourires s'échangent, des regards d'une rare sincérité se croisent. On fait connaissance, il vient de Turku, sud-ouest de la Finlande. On fait un point carte avec son expérience. Il sort une cigarette, alors Seb lui demande s'il n'aurait pas quelques feuilles à rouler étant donné l'état des siennes. Il tend alors un paquet de clopes encore fermé, Seb lui demande alors s'il peut l'ouvrir pour en prendre une, il lui fait comprendre de prendre le paquet ! Deux heures plus tard, on retrouve nos camarades du premier campement. Ça parle pêche, un des pêcheurs tend à Fred une cuillère en lui expliquant que c'est ce genre de matériel qui fonctionne bien par ici. Fred tente de lui rendre mais là aussi c'est offert ! En parlant d'offrandes, notre ami le baroudeur pointe le bout de son nez, c'est qu'il marche à bonne allure ! Il semble expliquer en Finnois l'état des feuilles du Seb, ni une, ni deux, un des pêcheurs tend un paquet de feuille... Une sincère générosité, des échanges simple et une sympathie aussi grande qu'une forêt de Finlande ! Nous arrivons finalement à un campement sauvage bien sympa et décidons de nous y arrêter. Nous avions prévu une journée de repos afin de profiter de la nature. Cela tombe bien et le lendemain sera "farniente". Nous en profitons pour pêcher à nouveau, mais nous avons bien du mal : notre ami René sauve tout de même l'honneur en ramenant l'unique gros poisson (la première ne comptait pas !) du parcours. Nous pourrons rentrer en France la tête haute : nous en avons attrapé au moins une ! Profitons d'ailleurs de ce « day-off » pour parler un peu plus des campements et de leur aménagement. Ceux-ci sont très bien équipés et entretenus. Les finlandais, mais aussi les étrangers respectent le matériel. C'est vraiment agréable de s'installer en ces lieux. Vous trouverez un espace convivial autour d'un feu, des « cabanes » pour les déchets et les toilettes, ainsi qu'un ou plusieurs petits refuges pour dormir ou tout simplement s'abriter.
Avant-dernier jour de canoë. Nous partons au lever du jour, enfin au retour du soleil plutôt ! Toujours à pagayer dans les rapides, on se fait vraiment plaisir. Vingt kilomètres plus tard, la rivière se fait de plus en plus calme et le vent s'ajoute à la partie ! Ça tire sur les bras mais on se rassure car le premier point d'arrivé ne doit plus être qu'à une petite dizaine de kilomètres ! Dix kilomètres oui… La société de location nous avait précisé de nous arrêter après ces dix kilomètres de plat à la vue d'un pont piéton qui traverse Ivalojoki. On commence à parcourir de grands boulevards se terminant toujours par un bon virage bien large et bien long. On ouvre grand les yeux pour trouver le pont.
1, 2, 3 ... 4, et encore de nouveaux virages séparés par 2 ou 3 km d'interminables lignes droites, mais toujours pas de pont ! On se dit qu'on a simplement mal évalué la distance parcourue et qu'il faut encore pagayer un peu… Quelques courbes plus tard, un groupe prend la tête avec un peu d'avance pour essayer de trouver ce pont mythique ! Des virages de sables, on en a vu ! Mais des pont piétons, zéro ! Sur une dernière section de boulevard, on commence à ressentir la proximité avec le monde civilisé, quand d'un nuage bien bas surgit un Boeing ! Ok, on est où là ?! Si en cette saison, on peut perdre la notion du temps par l'absence de nuit, apparemment on peut aussi perdre celle de la distance ! On est fatigué et on ne voit toujours pas ce pont. On décide de monter le camp sur un petite plage et on verra le lendemain car le pont est surement à moins d'un kilomètre maintenant ! Le réveil, sur fond sonore de tracteurs, nous rappelle l'effort de la veille, mais bon il ne nous reste normalement qu'un petit bout de chemin. On pagaye, on avance… et toujours cette phrase retentissante : « _ Il est où ce pont ? » Au bout de quelques kilomètres, Momo et Dédé décident de s'arrêter à la vue d'une route et de quelques panneaux d'indication. Verdict : on n'est plus qu'à 5 km du second point d'arrivée ! C'est quoi cette blague ? On fait un rapide calcul des distances parcourues depuis le début du trip, et quoi, on a fait 50 bornes la veille ! Dont 30 de calme plat ! Ok, les courbatures, on comprend pourquoi on les a ! Rassurés et content d'avoir atteint l'objectif, à savoir le second point d'arrivée auquel on ne pensait même plus la veille, on parcours tranquillement cette dernière distance. On approche de Ivalo, on commence à voir de plus en plus d'habitations, et des rennes aussi. Deux rennes en train de gambader, tel des chevaux en Camargue, sur un brin de plage. C'est magnifique, le soleil est aussi au rendez-vous, les diaphragmes d'appareil photos crépitent ! On aura vu plus de rennes aux abords des villes qu'en pleine cambrousse. Encore quelques coups de rames, on est arrivé les gars ! Les bras sont lourd mais "c'était bon HEIN !"
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