Sans surprise, le conflit qui a cloué au sol la moitié des avions de la compagnie française pendant la deuxième quinzaine de septembre a entraîné une lourde chute du trafic d'Air France-KLM sur le mois: -15,9% pour les passagers, -17,7% pour le cargo, déjà en grande difficulté.
Dans un mouvement sans précédent depuis la naissance d'Air France-KLM, la majorité des pilotes d'Air France s'étaient mis en grève du 15 au 28 septembre pour s'opposer à un projet de développement de la filiale à bas coût Transavia France.
Sous la pression du gouvernement français et d'une opinion hostile au mouvement, ils avaient jeté l'éponge sans faire plier la direction sur leur revendication d'un contrat unique pour tous les pilotes du groupe, destiné à préserver les avantages de leur statut.
"Les comptes ne sont pas encore arrêtés (...) Mais nous pensons que l'impact au troisième trimestre sera dans une fourchette de 320 à 350 millions" d'euros, a indiqué le directeur financier d'Air France-KLM, Pierre-François Riolacci.
Il a expliqué que si le groupe avait pu faire quelques économies notamment sur le kérosène, il a surtout subi des surcoûts: "hébergement des passagers, compensations aux voyageurs ou achat de billets sur des vols de nos concurrents pour recaser certains de nos passagers, billets que nous n'avons pas obtenus aux meilleurs tarifs", a-t-il détaillé.
La perspective de réitérer la performance du deuxième trimestre (triplement du bénéfice d'exploitation à 238 millions) s'éloigne. Au troisième trimestre 2013, Air France-KLM avait dégagé un bénéfice d'exploitation de 634 millions.
M. Riolacci a fait état d'un "second impact beaucoup plus difficile à évaluer, qui pèsera sur le quatrième trimestre, voire sur le début de l'année 2015", à savoir la fuite potentielle de clients qui se traduit par un taux de réservation beaucoup plus faible que d'habitude.
La direction reconnaît toutefois ne pas être en mesure "d'évaluer de manière précise la part de ce retard due à la grève et celle due à l'évolution défavorable de la demande observée depuis le début de l'été et confirmée depuis".
"Il faut être extrêmement prudent dans la prise en compte de ces chiffres", a prévenu M. Riolacci.
- 'Ramener les clients dans les avions' -
Au cours de la première quinzaine de septembre, la demande est restée "assez atone", en raison de capacités importantes sur le marché. En juillet, le groupe expliquait que des surcapacités affectaient les revenus sur certaines lignes long-courriers d'Amérique du nord et Asie.
Au final, la grève combinée à une demande faible pourrait avoir un impact "de l'ordre de 500 millions d'euros sur l'excédent brut d'exploitation de l'exercice 2014", estime le groupe, qui visait jusqu'alors un excédent compris entre 2,2 et 2,3 milliards. Cette prévision est ainsi ramenée entre 1,7 et 1,8 milliard".
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