Nous continuons notre périple en Australie du Sud, à travers les Flinders Ranges et l'Outback où notre voyage va prendre fin. Voici donc la dernière vidéo de notre séjour de l'autre côté du planisphère :
Pour les aborigènes, le temps est une notion abstraite. C'est ce que nous ont expliqué Tim et Margaret, rencontrés hier soir, un couple d'australiens d'ascendance européenne.
Difficile à percevoir, la culture des "natives australians". Une histoire qui se transmet oralement, sans écrits. Une culture intimement liée à la terre même, à ce continent nourricier. Le temps donc : un concept hors sujet. Le passé, le présent, le futur, tout se recoupe, sans distinction. Une entité globale.
La culture aborigène: si complexe, si emprunte de légendes, de croyances, si peu accessible à ceux qui n'en font pas partie. Une autarcie culturelle nimbée de secrets, inconnue, laissée en suspens.
Et une explication de l'environnement qui fait découvrir l'Australie sous un autre aspect. Une vision passionnante des plaines, montagnes, de la végétation, des hommes et de la faune.
Le Wilpena Pound, mont adulé, oppressant et fascinant au milieu des Flinders Ranges. Une particularité géologique impressionnante. Vu de loin, et de tout autour, un aspect de plat à tarte retourné, posé au milieu d'une grande et immense plaine. Des bords de plusieurs centaines de mètres de hauteur, et un sommet paraissant si plat, si bien érasé.
Paraissant, simplement. Car Drew et son Cesna nous font prendre de la hauteur. Un tour en avion, et dans la lumière rasante, la légende évoquée par les aborigènes apparait. Comme une simple évidence. Vu du ciel, on voit non plus un bloc gigantesque et plat, mais on devine deux énormes formes longilignes, longues, et recouvertes régulièrement d'arrêtes. Les serpents du mythe fondateur, les voilà. Deux reptiles gigantesques. Ils seraient les créateurs des vallées, des montagnes, tout autour, en se faufilant, en laissant derrière eux les rides de leur passage. Après avoir bu l'eau des lacs avoisinants, ils auraient dévoré toute la population rassemblé lors d'une fête. Un festin si gargantuesque qu'ils seraient restés là, immobiles, incapable de se mouvoir. Et les formes sous nos yeux sont évidentes. Les écailles, la régularité des lignes.
En bas, on distingue aussi des formes. Les kangourous, les wallabies sont là, comme des zébulons. Des émeus, aussi, ces grandes autruches qui vivent en liberté, animaux curieux sous les deux sens du terme. Curieux par l'aspect, curieux de nature. Une fois sur la terre ferme, on en approchera.
On s'invite aussi, au détour d'une ferme à voir les sheep shelder à l'ouvrage. Sheep comme mouton… Shelder comme tondeur. Une équipe de tondeurs professionnels qui, une fois l'an, désolidarisent les moutons de leurs laine. Un travail qui demande une dextérité, une force, une agilité. Les bêtes défilent les unes après les autres, 2 minutes trente pour les mettre totalement en petite tenue. Des équipes qui bossent en itinérance, toute l'année, exploitation après exploitation. Un travail harassant, un travail de bohème…
Les Flinders Ranges, c'est tout un environnement éblouissant. Des plaines immenses, des terres où la végétation a ses humeurs, parfois bien vivante, parfois plus timide. Des petits arbustes, quelques eucalyptus, de temps à autre mais rien de luxuriant. Des plaines impeccables, immenses, splendides, qui se mélangent avec des chaines de petites montagnes, de vallées. Le tout aride, bien souvent.
Le 4x4 nous emmène dans les Brachina Gorge, 16 kms de gués, de strates géologiques vieilles de 600 millions d’années qui nous entourent. Le tout décidément désert de trace humaine.
On se trouve dans l'outback, ici.
L'outback, c'est cet espace où la présence humaine n'est plus la norme. Où seule la nature est une vraie certitude. S'aventurer dans l'outback, c'est emporter avec soi suffisamment d'essence, de vivres, d'eau pour pouvoir s'auto-suffire pendant plusieurs jours. Car sur certaines pistes, croiser un autre véhicule devient un évènement qui n'est pas quotidien.
Bref, on se sent seul… L'espace donne libre court à ses élucubrations.
Perdu au milieu de ceci, Parachilna. Un hameau à l'image de Bagdad Café. La route comme seul lien avec le reste du monde. Un bâtiment principal, qui fait à la fois office de restaurant, d'hôtel, de station service : le Prairie Hotel. Quelques mobiles homes tout autour.
Des voitures garées devant. Presque une dizaine. Un nombre délirant… Tant d'autos agglutinées en un même lieu… On hallucine, on en a croisé si peu..
On s'attendrait à voir un intérieur d'un autre âge. Avec des tenardiers qui dévisagent, des hôtes aux bacantes tombantes et aux gilets en cuir, piqure rappel de la belle époque des saloons. Pourtant, non. Trois jeunes femmes blondes les remplacent. Ca piaffe, rigole, s'esclaffe. Elles sont aimables, mais s'affairent, pas de question, juste mille tâches. Il y a du monde à servir. L'intérieur est digne des magazines de décor. Très lounge, mobilier recherché, contemporain ou patiné, couleur taupe ou gris souris, musique bobo déversée par des enceintes au dessus d'une tête de bétail.
C'est Jeanne qui a pris la barre de ce navire. Son mari, Ross, est propriétaire terrien. L'hotel restaurant est d'ailleurs installé sur sa lande. 8000 hectares sur lesquels vivent 900 vaches. Un domaine gigantesque où il s'affaire, la plupart du temps, seul. Une diversité de paysage, aussi.
Ce micro désert, par exemple. Des dunes de sable rouge, un Sahara minuscule de quelques hectares perdus…
De temps à autre, le travail est ingérable pour lui seul. Il s'autorise alors de l'aide pour rassembler le troupeau. Plusieurs jours de suite sur des quads ou des chevaux. Des journées ponctuées par des campements, façon Lucky Luke, l'esprit des feux de camps comme compagnon pour eux tous.
Notre montée n'ira pas plus au Nord. Le voyage retour se profile.
Demain, la route est longue. Se défaire de ces terres vides qui captent. Prendre le temps de rejoindre la civilisation. Deux simple jours loin de tout, mais déjà l'outback a su nous croquer.
Rejoindre Adelaide malgré tout, demain. Croiser peut être ces roads train, ces camions trainant de 3 à 6 remorques. Titiller des dauphins sauvages, aussi, qui sait, au large de la grande cité, à bord du Temptation Sailing avant de sauter dans l'avion...
Puis reprendre le vol.
Une parenthèse d'outre mappemonde qui se referme. Avec des petits points… Pour espérer l'ouvrir encore.
Plus de photos de notre voyage sont à découvrir ici ! :)
Et si vous aussi vous voulez tenter l'aventure, inscrivez vous sur le jeu de l'Australie !
A bientôt,
François-Xavier
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