Auvergne: escapade sur les traces des Bourbons et de Coco Chanel
A 5 heures de route de nos frontières, le Bourbonnais (ou Pays Bourbon) est une province historique de France qui, aujourd’hui, suit à peu près les contours du département de l’Allier, en Auvergne. Berceau de la dynastie des Bourbons (dont Henri IV fut le premier de la lignée à accéder au trône de de France), le territoire est riche en patrimoine, à commencer par Moulins, la capitale, classée Ville d’Art et d’Histoire, où vécut aussi l’illustre Coco Chanel. Tout autour de la cité, la nature est omniprésente et permet des séjours «au vert» à la découverte de la faune et de la flore, mais aussi des villages typiques, des vins et de la gastronomie…
Moulins: visite de l'ancienne capitale des Bourbons
Au 14e siècle, Moulins devint la capitale du Duché des Bourbons qui y établirent un château, une collégiale, et protégèrent la ville d’une muraille. Au 15e siècle, en plein âge d’Or culturel et économique, la cité fut également dotée d’un beffroi, le Jacquemart, haut de 30 mètres, au sommet duquel on peut encore grimper pour avoir une vue imprenable sur la ville et la campagne alentours. Si le Bourbonnais fut rattaché au royaume de France en 1531, l’ancienne capitale conserve de nombreux et prestigieux souvenirs des Bourbons, que l’on aborde notamment au fil de visites guidées du quartier historique, à suivre avec un guide ou en solo, grâce à un plan et à des bornes informatives. Le centre de Moulins est plein de charme, avec ses ruelles égrainant hôtels particuliers Renaissance et maisons médiévales à pans de bois. A découvrir, notamment, outre les vestiges du Château des Bourbons et la Cathédrale Notre-Dame (qui abrite le Triptyque du Maître de Moulins, considérée comme une pièce majeure de la peinture médiévale): l’église romane Saint-Pierre d’Yzeure et des édifices plus tardifs marqués d'influences italiennes, comme l’Hôtel de Ville, le théâtre et le Palais de Justice, installé dans un ex-collège de Jésuites dont le plafond a été peint par Giovanni Gherardini.
A Moulins, au Grand Café, sur les traces de Coco Chanel…
A 20 ans, Gabrielle Chanel est employée dans une maison de confection moulinoise. Après ses heures de travail, elle fréquente le Grand Café, où elle est rapidement engagée comme «pauseuse», chanteuse chargée d’animer la salle pendant la pause des artistes à l’affiche. Elle chante "Qui a vu Coco dans le Trocadero"; air qui vaudra à la couturière son fameux surnom! Ce Grand Café existe toujours et fait partie des incontournables de Moulins, ainsi que du circuit touristique qui fait le tour du centre historique «dans les pas» de Chanel (visites avec un guide du Service du Patrimoine ou via téléphone portable, en téléchargeant une application gratuite sur www.everytrail.com, avec commentaires et photos du début du 20e siècle et d’aujourd’hui). Inauguré en 1894, le Grand Café arbore toujours ses miroirs immenses et ses boiseries Art déco qui lui valent désormais de figurer parmi les 10 plus belles brasseries «1900» de France, ainsi qu'à l’inventaire des Monuments historiques. Une belle adresse donc pour une pause-café ou un repas de cuisine bourbonnaise typique.
Gastronomie et vins du Bourbonnais
Parmi les spécialités du Pays Bourbon, on trouve le bœuf charolais, le poulet bourbonnais, l’agneau fermier, la pompe aux grattons (sorte de brioche salée à la viande), le pain des Bourbons… Et, pour arroser le tout, il y a le vin de Saint-Pourçain (AOC), l’un des plus anciens vignobles de France dont le divin breuvage faisait, au 14e siècle, partie des favoris des rois de France. Aujourd’hui, il est toujours considéré comme le fleuron des vins du centre de l’Hexagone. On le déguste sur toutes les bonnes tables de la région ou dans les caves, reliées par la route touristique des vins qui lui est dédiée. A noter que Moulins fait partie du «Club Terroir et Patrimoine», qui rassemble des villes en France et en Belgique qui mettent à l’honneur leur gastronomie via, notamment, des restaurants partenaires proposant des «Menus du Terroir» à base de produits régionaux.
En matière de sucré, Moulins est aussi la ville natale du «Palais d’Or», ce chocolat à la ganache fondante et au léger arôme de café, recouvert de quelques feuilles d’or, aujourd’hui largement copié (et parfois réinterprété avec talent par les chocolatiers du Bourbonnais) puisque l’inventeur, Bernard Sérardy, n’avait pas déposé de brevet… C’était en 1898, dans la confiserie familiale "Les Palets d'Or", toujours en activité de nos jours et que l’on fréquente tant pour ses célèbres douceurs que pour son décor d’époque style bonbonnière que réalisa autrefois l’Ecole des Beaux-Arts de Moulins.
Les musées insolites de Moulins
Installé depuis 7 ans dans l’ancienne caserne de cavalerie du 18e siècle de Moulins, le Centre National du Costume de Scène (CNCS) est le premier musée au monde consacré aux costumes et décors de spectacle, ainsi qu’aux métiers qui y sont liés. Il réunit aujourd’hui plus de 10.000 pièces uniques, léguées par l’Opéra National de Paris, la Comédie Française et bien d’autres théâtres et compagnies. Parmi ces pièces, on admire notamment les costumes de Maria Callas dans «Norma», l’armure de Jean Marais dans «Britannicus», les tutus de Christian Lacroix pour «Les Anges ternis» et même les costumes des Jeux Olympiques d’Albertville signés Philippe Découflé… Outre ses collections permanentes, qui se sont récemment enrichies d’un espace dédié au célèbre danseur et chorégraphe russe Rudolf Noureev (on voit notamment un reconstitution de son appartement parisien, décoré de photos personnelles, de ses cadres et autres mobiliers témoignant de son goût pour les décors opulents), le CNCS organise chaque année des expos temporaires prestigieuses. Du 8 février au 18 mai 2014, l’expo «Plein feu sur les collections» proposera un «best of» des expositions passées («Vestiaires de divas», «L’Art du costume à la Comédie française», «1001 nuits», «Bêtes de scène, Christian Lacroix costumier»,…). Suivra, du 14 juin 2014 au 4 janvier 2015, l’expo «William Shakespeare, l’étoffe du monde» qui, pour le 450e anniversaire de la naissance du dramaturge, présentera plus de 150 costumes portés dans ses pièces.
En plein centre de Moulins, se cache un autre lieu étonnant: la Maison Mantin, une magnifique demeure du 19e siècle entre le manoir anglais et le château néo-gothique. L’histoire de l’endroit est insolite puisque son ancien propriétaire, Louis Mantin, un riche mais discret sous-préfet passionné d’art et de collections en tout genre, avait légué sa maison et son contenu à la Ville à condition qu’elle soit laissée en l’état «pour montrer aux visiteurs, dans 100 ans, un specimen d’habitation d’un bourgeois du 19e siècle». C’est ainsi que le domaine resta fermé durant un siècle pour ne rouvrir ses portes qu’en 2010 à un public, notamment moulinois, extrêmement curieux… Et, lors de la visite, on est loin d’être déçu. Car la maison de Monsieur Mantin est une véritable caverne d’Ali Baba, mélangeant des pièces d’art précieuses et des milliers d’objets anodins ou dignes d’un cabinet des curiosités. Pas un mur n’est recouvert de ces 1001 trésors, que la Ville a fait entièrement rénover (ainsi que les tentures, les boiseries, les cages d’escaliers, les planchers, la toiture…) pour la modique somme de 3,4 millions d’euros…
Enfin, au cœur de Moulins, on découvre le Musée de la Visitation. 89 monastères, issus de 19 pays d’Europe, d’Amérique et du Liban, ont décidé, depuis 1991, de sauvegarder le patrimoine de leur ordre à Moulins; l’ordre de la Visitation Sainte-Marie, dont la fondatrice, Sainte Jeanne de Chantal Frémyot, est précisément décédée dans la capitale des Bourbons. Ainsi, près de 10.000 pièces du 15e au 21e siècles y racontent l’histoire et la vie quotidienne de cette grande communauté monastique qui fut très présente en France, totalisant jusqu’à 160 fondations. Du 6 mai au 24 décembre 2014, le musée présentera l’expo «En tous points parfaits», qui mettra en valeur, dans un décor utlra contemporain, la beauté et la précision des travaux des brodeurs professionnels des 19e et 20e siècles. On admirera 150 œuvres venues de dizaines de visitations de France et d'ailleurs (vêtements liturgiques, bannières, parures d’or, fleurs brodées…).
Excursions hors Moulins, dans la nature et à Souvigny
A moins de 15 kilomètres de Moulins, il ne faut pas manquer l’ensemble prieural de Souvigny (11e, 15e et 18e siècles), qui offre l’une des images les mieux conservées du rayonnement et de la splendeur artistique de l’ex-congrégation de Cluny qui, au 12e siècle, comptait pas moins de 1000 établissements! Le site de Souvigny demeure le plus vaste complexe religieux du Bourbonnais, comptant de nombreuses pièces d’art de grande valeur et les chapelles funéraires des Ducs de Bourbon.
En quittant Moulins, on se retrouve très vite dans la nature, omniprésente en Pays Bourbon, où elle se décline en bocages et en forêts domaniales sillonnées par de multiples sentiers de promenade à pied, à vélo ou à cheval. C’est aussi dans le Bourbonnais que la rivière Allier est la plus sinueuse et la plus sauvage. Sa vallée (le Val d’Allier) est ici protégée en tant que Réserve naturelle, où vivent plus de 250 espèces d’oiseaux (plus qu’en Camargue!). Pour découvrir le territoire côté faune et flore, on peut se procurer plusieurs topoguides répertoriant 28 circuits de rando en boucle, de 4 à 20 km.
Si vous êtes adeptes de paysages, rendez-vous enfin à l’Arboretum de Balaine, le plus ancien parc botanique et floral de France qui, sur 20 hectares de jardins à l’anglaise, présente essences exotiques, magnolias et autres érables du Japon. Ce parc fut créé en 1805 par Aglaë Andanson, qui y conduisit avec succès des expérimentations sur l’acclimatation de plantes exotiques.
Moulins et le Pays Bourbon en pratique
L’Office de Tourisme de Moulins propose sur son site de nombreuses formules d’hébergement, ainsi que des packages de séjours thématiques combinant logement et activités. Sur le site www.moulins-tourisme.com, vous trouverez également tout l’agenda des événements organisés dans la région! A noter que l’Office de Tourisme sera présent au Salon des Vacances de Bruxelles, du 6 au 10 février, pour répondre à toutes vos questions! Rendez-vous Palais 4, stand 4270, au Club des Villes de Terroir.
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