Bonjours à tous,
Je viens d'abandonner un périple dans le nord de la Norvège. Paysages extraordinaires, à couper le souffle. Ça monte et ça descend, nos Alpes à côté c'est de la rigolade, mais ça, j'ai adoré. Des conditions méteo musclées, le vent de la Bretagne un jour de tempête, le froid de nos hivers en montagne, mais là non plus pas de problème, je suis un voileux et un montagnard, affronter les éléments j'aime.
Quoi donc alors ? Et bien les routes...
Il n'y a que très peu de réseaux secondaires, presque uniquement des routes principales. Ça, je l'avais bien vu en étudiant mes cartes. Ce que je n'avais pas imaginé, C'est l'étroitesse de ces routes, et surtout c'est la densité de la circulation. En fait, je pensais ces contrées très au nord comme semi-désertiques. Si elles le sont bien du point de vu de la géographie, elles ne le sont pas du tout du point de vu de l'activité. La circulation y est extrêmement dense. Un flot continue dans les deux sens. Des camions gigantesques (plus long de 10 mètres au moins que les notres), arborant de splendides parts buffles (anti rennes) et couvert de phares du plus effet (ambiance Mad Max). Mais aussi une flotte considérable de camping-car de grands formats, beaucoup sont d'ailleurs des poids lourds, souvent avec une remorque pour transporter la moto ou la Smart. Ne pas oublier les grosses berlines (allemandes ou suédoises) tractant de longues caravanes à doubles essieux. Le Norvégien est riche on le voit à son équipement routier imposant, haut de gamme et flambant neuf. Mais le Norvégien aime son pays et le sillonne dans tous les sens.
Bref sur un petit vélo au milieu de tout cela vous êtes en enfer. Il n'y a pas de bas côté, souvent, très souvent la route est bordée par des glissières de sécurité qui vous donnent un étrange sentiment d'être pris au piège. Et le pompon : il y a sans arrêt des ponts et des tunnels encore plus dangereux que la route elle même, c'est même incroyable que les vélos aient le droit de s'y engager.
À 30 km de Narvik en direction des Lofoten : un tunnel, je m'arrête devant le trou noir. J'hésite. Je laisse passer un flot de véhicules. Je m'engage en espérant être sorti avant l'arrivée d'un nouveau paquet. Je ne suis pas au milieu, qu'un camion surgit et me colle aux fesses. Je me retourne. Un monstre couvert de phares ... au moins la route est bien éclairée devant. Derrière concert de klaxons et crissement de pneus, j'ai vraiment peur de provoquer un accident. Un carambolage dans un tunnel aussi étroit serait un carnage. La sortie approche, je suis mort de trouille, je sors, une aire de stationnement, je dégage de la circulation, j'ai provoqué un sacré ralentissement. Il me reste dix km avant le camping que je vise. Je me remets un peu de mes émotions et repars. Quelque virages plus loin, un autre camion surpris par ma présence improbable déboîte et me double en catastrophe, en face surgit une Volvo tractant sa caravane. Je plonge dans le fossé (heureusement, je ne suis pas coincé contre une glissière de sécurité), le camion se rabat, je ferme les yeux, un hurlement de moteurs et de klaxonnes, je rouvre les yeux... silence... c'est passé.
J'avais prévu une longue balade (3000 km), dans le froid, dans le vent, dans la beauté de ces lieux magnifiques, dans le silence, dans la solitude... mais pas de mourir asphyxier dans les gaz d'échappement, la peur au ventre à l'approche de chaque virage.
Donc, je suis rentré chez moi.
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