L’auteur Douglas Coupland a passé une année dans l’antre d’Alcatel-Lucent grâce à l’organisme sans but lucratif Writers in Residence, qui propose à des écrivains célèbres de documenter le fonctionnement d’institutions ou d’entreprises clés de l’époque. Les précédents reportages portaient sur l’aéroport d’Heathrow et la Banque mondiale. (Photo © Brian Howell / PC)
Un tronçon de rue fermé 3 mois plutôt que 12 parce qu’un nouveau logiciel a permis de mieux planifier les travaux. Hourra ! Des poubelles munies de capteurs qui indiquent leur poids et rendent plus efficace la collecte des ordures. Bravo !
Les innovations qui améliorent nos vies sont partout. Le premier logiciel a été mis au point par l’entreprise québécoise Worximity. Le second est déjà en usage à Barcelone.
Le numérique transforme le monde. Pour le meilleur, souvent. Pour le pire, parfois, lorsqu’on constate les atteintes à la vie privée et le bruit à l’occasion tonitruant des réseaux sociaux.
Mais comme l’écrit l’étonnant romancier vancouvérois Douglas Coupland dans son essai Kitten Clone, la nostalgie du XXe siècle ne nous mènera à rien.
Coupland — qui a donné au monde certains des romans les plus forts sur les répercussions d’Internet dans nos vies (Microserfs, JPod) — sait qu’il faut se méfier de ce réseau qui « ne dort jamais et parle de nous dans notre dos ».
Dans Kitten Clone, il invite le lecteur à pénétrer dans les coulisses du leader mondial des télécoms et des réseaux à haut débit Alcatel-Lucent, présent dans 130 pays. Le lecteur y découvre une entreprise qui est l’incarnation même de la nouvelle condition neuronale de l’Occident : transnationale, décentralisée, insatisfaite du présent, gavée d’information, souffrant en même temps d’un désir insatiable d’aller plus vite, plus loin…
Au terme de sa plongée chez Alcatel-Lucent, Coupland avoue « s’ennuyer de son cerveau pré-Internet », même s’il sait que nous n’avons pas d’autres options que de travailler à réussir nos vies désormais « numériques ».
Internet, dit-il, a colonisé non seulement la planète, mais aussi les cerveaux de ses usagers, en « refaisant toute l’installation électrique » de notre matière grise. Ce réseau a une grande capacité à homogénéiser la pensée d’une manière encore jamais vue dans l’histoire humaine. Une puissance utile si vous cherchez à mobiliser des gens pour en finir avec la misère, mais une puissance dangereuse si vous ne la maîtrisez plus !
Le monde devra se protéger des excès des puissances informatiques émergentes. Facebook, par exemple, contemple un projet du nom de DeepFace, qui lui permettra, grâce à des algorithmes complexes, de rechercher et d’identifier toutes les personnes qui, un jour ou l’autre, ont publié ou vu publiée une photographie d’elles-mêmes sur ce réseau. Coupland admettait récemment, dans une entrevue au Globe and Mail, que tout cela « lui donnait la chair de poule ».
Selon cet observateur critique de la société moderne, trop de gens sont encore en plein déni du monde numérique, ne voyant dans celui-ci qu’une mode dont il suffit de ne tenir aucun compte. Ils se trompent, dit-il. Nous devons tous en apprendre les rouages et travailler à l’influencer.
Les plus optimistes voient dans la génération des 18 ans et moins (les Z, comme on les appelle) la « we generation », la « génération tous unis ». Habiles avec les réseaux sociaux, ces jeunes pourraient utiliser leurs interconnexions pour agir, partager, changer le monde. On peut rêver. Chose certaine, ils seront en permanence « branchés » grâce à tous leurs appareils mobiles. Reste à voir ce qu’ils feront de toutes ces connexions.
Rien n’est encore joué… À nous de réussir le monde numérique.
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