MONTRÉAL – Plus de 500 scientifiques de partout dans le monde pressent le gouvernement Couillard de respecter sa promesse de protéger une vaste section du Nord québécois dans le cadre d’un imposant plan d’aménagement.
Le premier ministre Philippe Couillard a promis de relancer le Plan Nord, un projet de développement de plusieurs milliards de dollars devant créer des milliers d’emplois dans le nord de la province, dans les secteurs miniers, des ressources naturelles et du tourisme.
Dans une lettre ouverte, les scientifiques demandent au gouvernement de protéger la moitié du territoire nordique du développement industriel, comme il était prévu initialement. Ils ajoutent que la nouvelle politique devrait être mise en oeuvre avec la collaboration des Premières Nations de la région.
«En faisant cela, le Québec deviendra un chef de file mondial sur le développement durable, la conservation de la biodiversité et la lutte aux changements climatiques, tout en dynamisant son économie. Il créera un nouveau modèle de gestion des écosystèmes pour le 21e siècle qui sera une inspiration pour plusieurs pays autour du monde», estiment-ils.
M. Couillard annoncera les principales mesures du nouveau Plan Nord la semaine prochaine à Montréal.
Le projet de développement a été lancé en 2011 par le premier ministre de l’époque, Jean Charest, qui espérait ainsi en faire un élément central de son héritage politique.
Le gouvernement estimait alors que le Plan Nord allait engendrer des retombées de 80 milliards $ en investissements publics et privés sur une période de 25 ans, en plus de créer 20 000 emplois. Le territoire couvrait l’équivalent de 72 pour cent de la province.
Des détracteurs avaient vivement dénoncé le projet, le présentant comme un «coup de marketing» ou un abandon des ressources naturelles québécoises. Lorsqu’il a pris le pouvoir en 2012, le Parti québécois a abandonné le Plan Nord.
Les libéraux ont toutefois été réélus avec un gouvernement majoritaire le printemps dernier, et la relance du projet faisait partie des promesses de M. Couillard.
Les scientifiques avaient immédiatement été interpelés par le plan de conservation des milieux naturels, en 2011.
«Ça a été utilisé comme un exemple dans plusieurs études universitaires et de nombreux articles populaires», a expliqué Jeff Wells, scientifique à la Campagne internationale de conservation boréale.
Il y a peu d’exemples de conservation comparables à ce que proposaient les libéraux, a-t-il précisé. «La communauté scientifique internationale observe ce qui va arriver», a-t-il poursuivi.
Le premier ministre Couillard a d’ailleurs vanté son plan lors d’un discours devant l’Association de politique étrangère à New York dimanche dernier. Il a notamment souligné que le nord du Québec était riche en ressources naturelles telles que le nickel, le cobalt, le platine, le zinc et l’or.
Selon un agent de conservation de la forêt boréale, il ne faut pas perdre de vue les objectifs économiques.
«Il est important que le plan fonctionne en tant que modèle de développement économique aussi (…) Si ça n’atteint pas les cibles économiques, aucune autre nation voudra s’en inspirer», a expliqué Matthew Jacobson, du Pew Charitable Trusts, qui a rencontré le premier ministre Couillard en marge de son discours à New York.
M. Jacobson reconnaît que des scientifiques ont des craintes liées à l’aspect développement du projet.
«Il n’y a aucun doute, sur le plan environnemental, que si nous laissions intact tout le nord — 100 pour cent — ce serait meilleur pour l’environnement.
«Nous pouvons avoir un développement intelligent ou inintelligent», a-t-il remarqué.
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