L’après-midi, c’est ce qui s’appelle faire un grand écart hallucinant dans le temps entre le passé sombre, se retrouver face à l’un de ses chapitres les plus noirs vécu par la ville et le pays et puis, en quelques minutes, à quelques mètres être plongé dans une toute autre réalité : au cœur de ce Berlin contemporain, renaissant, vibrant, moderne, consumériste et dédié aux affaires.
Après donc le quartier du Reichtag, je me dirige vers un des ‘’sites’’ les plus emblématiques et les plus spectaculaires de Berlin : le mémorial de l’Holocauste. Un ‘’champs’’ hérissé de plus de 2 000 stèles de béton grises.
Ou comment le passé tragique vous fouette sans prévenir et avec virulence à la figure.
Toutefois, curieuse ambiance car la solennité des lieux se dispute aux cris des enfants qui se courent après parmi ce dédale.
Quand la ‘’mort’’ ou la mémoire de celle-ci de la façon la plus cruelle se télescope à la jeunesse, à la vie dans la fleur de l’âge, insouciante, radieuse.pap
Et on se surprend à prier, secrètement, qu’il en soit ainsi pour toujours ces enfants, que l’avenir les épargne de cette barbarie.
De l’obscurité à la lumière crue de notre monde moderne, il n’y a qu’un pas.
Juste plusieurs pour se rendre à l’un des épicentres, justement, de ce Berlin version XXI ème siècle.
Je veux parler de Potsdamer Platz. 3 fois la place de la Concorde !
Temple des affaires avec ces tours et quartiers qui portent le nom d’entreprises car son réaménagement provient exclusivement de fonds privés. Ce fut un des plus grands chantiers en Europe.
Et le vertige nous saisit vite à la vue de ces hautes tours à l’architecture époustouflante, de ces centres commerciaux modernes, immenses, de ses restaurants aux terrasses bondés… Une fièvre envahit cette place.
Une folle effervescence règne et rarement égalée ailleurs en ville, excepté peut être du côté d’Alexander Plats, la nuit tombée.
Une des attractions, sans aucun doute, le quartier ‘’Sony’’ avec son architecture insensée, son ‘’dome’’ en forme de chapiteau ou aux dires de certains qui évoquerait/rappellerait le mont Fuji. A chacun son interprétation. Le Mont Fuji ayant ma préférence car elle introduit un peu de poésie dans ce monde voué corps et âmes à la consommation !
Et puis, sur Potsdamer, quelques pans du mur de Berlin demeurent discrets, isolés, perdus même noyés au cœur de ce maelström sans nom. Ce mur édifié une nuit d’août 1961, et qui séparera la ville jusqu’à cette nuit du 09 Novembre 1989.
Des ‘’vestiges’’ incongrus dans ce tableau dédié à célébrer la nouvelle Berlin. Mais aussi qui ont toute leur raison d’être encore ici.
Pas évident de gérer ce passé, parfois très encombrant. Et qui hante tel le fantôme du château d’Elseneur, les Berlinois. Avec cette volonté légitime et nécessaire de transmettre aux générations nées après 1989.
D’ailleurs, prenez le temps de regarder attentivement les photos montrant cette place avant et après. Certaines vous glacent le sang. On imagine sans peine la dureté extrême du quotidien et les conditions de vie austères.
Notre imagination ne fait qu’effleurer cette réalité endurée par les habitants de l’époque tellement ces photos nous renvoient à un monde inconcevable de nos jours. Et pourtant c’était hier à l’échelle du temps de l’humanité.
Virée nocturne
Tour de nuit au quartier Nikolai, havre de paix et au charme authentique.
Je remonte vers Alexander Platz, très animée. Avec un côté désuet sympathique à la lutte avec ce modernisme flambant neuf partout à l’œuvre dans la ville.
Par ci, par là errent les vestiges de l’ère communiste.
Le lifting intégral de Berlin...
L’entreprise de restauration, de réhabilitation ne se fait pas avec le dos de la cuillère. Entreprise vaste, et loin d’être finie tant il y a à faire.
Il faut en effet décaper cette vieille peau communiste qui colle encore. Gratter, gratter encore à fond pour que cette peau usée, surannée même, tombe.
Que la ville accomplisse, en quelque sorte, sa mue tel un serpent qui se délivre de sa vieille peau pour une plus jeune.
Le contraste est saisissant entre l’architecture issue de l’Est faite de longue murailles bétonnées, de ces immeubles sans esthétisme aucun, laids, essentiellement fonctionnels.
Et celle de l’ouest, plus raffinée, avec ces vieux immeubles aux façades richement travaillées pour certains. Un patrimoine entretenu avec goût et qui respire une histoire ancienne.
Voilà ce qui vous amène à être partagé, par moments, à propos de Berlin. Vous êtes sans cesse en mode alternatif, passant du beau au plus moche. Et vice versa. Et la vous vous dîtes, vivement que la ville achève son lifting !
Je suis déçu par la lumière la nuit, plutôt faiblarde. Surtout celle accolée aux monuments.
Exception faite de la porte du Brandebourg, privilégiée et véritablement radieuse car éclairée d’une lumière belle et dense qui la met en valeur.
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