OTTAWA – Le député Jean-François Fortin quitte le Bloc québécois et siégera désormais comme indépendant à la Chambre des communes, écorchant en même temps l’actuel chef du parti, Mario Beaulieu.
Il l’accuse de radicaliser le Bloc et d’ignorer les prises de positions des militants.
Le chef a rétorqué le jour même, dénonçant le manque de loyauté du député et le taxant de vouloir torpiller le Bloc et la cause souverainiste.
Pour preuve, le chef bloquiste avance avoir «intercepté» il y a environ un mois un courriel de M. Fortin, où ce dernier parlait de former un nouveau parti politique sur la scène fédérale.
La guerre de mots a entrouvert la porte sur des dissensions qui perdurent au sein du parti, deux mois après l’élection du leader bloquiste.
M. Fortin, qui représente la circonscription de la Haute-Gaspésie-La Mitis-Matane-Matapédia depuis 2011, a fait connaître sa décision de quitter mardi matin.
Il ne reste donc plus que trois députés bloquistes à Ottawa.
Louis Plamondon, André Bellavance et Claude Patry seront désormais seuls à porter le message du Bloc au Parlement canadien. Maria Mourani avait pour sa part été expulsée du caucus en septembre, après avoir exprimé son désaccord envers le projet de charte des valeurs québécoises du Parti québécois, auquel le Bloc avait officiellement donné son appui.
Mardi, M. Fortin a déclaré qu’après un été de réflexion, il a conclu que ses concitoyens seraient mieux servis s’il poursuivait son mandat en dehors du Bloc Québécois.
Il affirme que le Bloc auquel il a cru n’existe plus.
Fidèle des chefs précédents, Gilles Duceppe et Daniel Paillé, M. Fortin n’a pas caché son désaccord avec l’approche adoptée par M. Beaulieu, qui a été élu en juin dernier — non sans dissension.
Avec 53,5 pour cent des voix, presque autant de militants avaient voté pour le nouveau chef que contre lui.
Selon M. Fortin, le chef a une approche unidimensionnelle, peu rigoureuse et intransigeante, qui met fin à la crédibilité établie par ses prédécesseurs.
Il fallait laisser la chance au coureur, a-t-il déclaré en entrevue mardi, mais s’est vu contraint de constater que «le coureur n’avait pas pris ses responsabilités».
M. Fortin juge que les choix des militants bloquistes ne sont pas respectés par le chef qui ne les intègre pas dans son discours.
«Lui-même a perverti le message et s’éloigne de ce que les membres veulent qu’il défende».
M. Beaulieu avait fait campagne en promettant de «remettre la souveraineté à l’avant-plan» et de mettre fin à la «stratégie étapiste et attentiste qui avait été utilisée depuis 20 ans». Un discours qui en avait choqué plus d’un lors du dernier congrès bloquiste, qui y voyaient une dure critique de M. Duceppe et des militants qui le soutenaient, comme s’ils n’avaient rien accompli en deux décennies.
Le député désormais indépendant juge l’approche perdante, car il estime que le chef radicalise et folklorise ainsi la formation politique bloquiste.
«Ce n’est pas en rejetant ceux qui semblent moins ‘purs’, en abandonnant la rigueur qui a toujours caractérisé le Bloc Québécois et en lançant des formules toutes faites, en les répétant encore et encore, qu’il convaincra le Québec de le suivre», a commenté M. Fortin.
«En fait, en agissant de la sorte, M. Beaulieu divise les souverainistes entre eux plutôt que de les unir.»
M. Beaulieu a tenté, en point de presse à Montréal, mardi, de minimiser l’impact de la sortie de M. Fortin. «Un ajustement», dit-il.
La grande majorité des militants se sont ralliés à lui, soutient le chef, sans siège aux Communes, qui se défend d’être radical.
Il a aussi eu des mots durs envers son ex-député.
«Il a manqué de loyauté et de transparence, dit-il. Il n’a jamais accepté la décision démocratique des membres». Selon lui, M. Fortin avait un «agenda caché».
«Il quitte le bateau, torpille le Bloc québécois et la cause souverainiste», accuse le chef.
Sans équivoque, le torchon brûle entre les deux hommes. Et creuse le fossé entre les différentes méthodes visant à regarnir les rangs bloquistes à Ottawa.
M. Fortin critique ainsi M. Beaulieu qui cherche, selon lui, à s’immiscer dans l’agenda référendaire. Ce qui n’est pas le rôle du Bloc, insiste-t-il: «La prochaine élection de 2015 ne sera pas une élection référendaire».
Lors de la dernière course à la chefferie, qui avait mené à la sélection de M. Beaulieu, M. Fortin avait appuyé l’autre candidat, M. Bellavance.
Il s’était ensuite rallié après au nouveau chef, mais a déclaré mardi en entrevue lui avoir fait part de son inconfort. Il ne serait pas le seul, mais a refusé de préciser si les autres députés bloquistes pensent comme lui.
M. Beaulieu n’a pas essayé de le retenir. «Loin de me convaincre, il persiste dans son message intransigeant», a confié le député gaspésien.
M. Fortin s’engage à rester député jusqu’à la fin de son mandat. Pour de ce qui est de chercher à se faire réélire en 2015, le temps de cette décision n’est pas encore venu, dit-il.
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