Les propositions de l’aile jeunesse du Parti libéral du Québec, qui se réunissait cette fin de semaine dernière, ont fait jaser.
Abolition des cégeps, privatisation de la SAQ, hausse de la TVQ pour baisser les impôts… On se demandait presque si l’aile jeunesse du PLQ ne devrait pas être rebaptisée «Ces jeunes libéraux qui ne se sont pas encore rendu compte qu’au fond, ils voulaient voter pour la CAQ».
Si on a beaucoup parlé de leur idée d’abolir les cégeps, on a moins parlé de la philosophie qui la soutenait.
«Selon le président Nicolas Perrino, la réforme vise à valoriser la formation technique et à donner un caractère plus “utilitaire” au système d’éducation afin qu’il soit centré sur les besoins des entreprises.»
(La Presse)
Une éducation qui met au centre de ses préoccupations les gens qui vont employer les étudiants plutôt que les étudiants eux-mêmes, bref.
Être capable de travailler après ses études, c’est bien. Ne savoir que travailler ? Il manque un bout à l’idée d’éducation. Les jeunes libéraux ont-ils oublié les sages paroles du comptable de Saint-Exupéry ? «L’essentiel est invisible pour le portefeuille».
On ne peut peut-être pas souder un Boeing avec un livre d’Anne Hébert, mais ça ne veut pas dire que c’est inutile de l’avoir lu.
Pour être bien honnête, j’allais me lancer ici dans une grande défense de notre système d’éducation et de la culture générale comme étant des éléments essentiels à la vie démocratique. Puis, je me suis souvenu de la dernière campagne électorale et de ceux qu’elle a fait élire. Et de la campagne précédente. Et de celle d’avant. Alors, ouin. Bon. Le système d’éducation n’est visiblement pas au point sur ce plan-là.
Est-ce pour autant une raison de rêver d’une école qui forme des travailleurs d’abord et avant tout ?
Une fois partie sur cette lancée, on pourrait aussi arrêter d’enseigner à écrire à nos jeunes et plutôt leur donner un cours de Microsoft Office. Des cours de maths, pour quoi faire ? «Bonne maîtrise du logiciel Excel», ça paraît si bien dans un CV.
Pour le meilleur ou pour le pire, la commission jeunesse est souvent vue, dans un parti politique, comme la table pour enfants dans un souper de famille : on peut bien les laisser se jaser ensemble, ça n’engage les parents à rien.
Philippe Couillard a donc écarté poliment l’ensemble des propositions controversées, avant d’envoyer tout ce beau monde se brosser les dents et mettre son pyjama. Il était déjà 21 h.
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À propos de Mathieu Charlebois
Ex-journaliste Web à L’actualité, Mathieu Charlebois blogue maintenant sur la politique avec un regard humoristique. Il est aussi chroniqueur musique pour le magazine L’actualité depuis 2011 et collabore au webmagazine culturel Ma mère était hipster, en plus d’avoir participé à de nombreux projets radio, dont Bande à part (à Radio-Canada) et Dans le champ lexical (à CIBL). On peut le suivre sur Twitter : @OursMathieu.
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