Une entreprise sur cinq au Canada fait des affaires à l’international, mais seulement 13,6 % au Québec.
Cette donnée tirée d’une récente étude de KPMG-Secor montre que nous ne profitons pas de tout le potentiel de la mondialisation.
Les exportations de biens et services de nos entreprises représentent 25,7 % du PIB québécois, alors qu’elles atteignent 32,8 % en Ontario et 48,5 % dans un pays comme la Suède.
Daniel Denis, de KPMG-Secor, notait la semaine dernière à Ottawa — au congrès de l’Association des économistes du Québec — que peu de dirigeants d’entreprises ont étudié ou travaillé à l’extérieur du Québec et que peu de membres des conseils d’administration des entreprises ont une expérience internationale.
Daniel Denis faisait également remarquer que la société québécoise était capable d’attirer les immigrants, mais qu’elle était moins bonne quand il s’agissait de les intégrer et les garder. Moins portée, aussi, à utiliser les compétences et les réseaux de ces nouveaux résidents.
Le réseau de contacts internationaux est le principal facteur de succès, indiquait le rapport de KPMG-Secor. Un propos relayé à la même tribune par Henri-Paul Rousseau, aujourd’hui vice-président du conseil d’administration de Power Corporation.
«Le Québec a besoin d’entrepreneurs internationaux», disait Henri-Paul Rousseau.
Où va-t-on les trouver ? Notamment par l’immigration, susceptible de nous apporter des clés pour ouvrir des marchés.
«Pour aller à l’étranger, il faut connaître les bonnes personnes, dans les bons pays et au bon moment. Un réseau international est essentiel pour se positionner dans une économie hyper concurrentielle», disait l’ancien président de la Caisse de dépôt et placement du Québec.
Comment bâtir de tels réseaux ? Henri-Paul Rousseau pense que les copains d’école constituent une très bonne source de contacts et de relations. Il suggère deux pistes pour développer de tels liens : encourager nos jeunes à aller étudier à l’étranger et accueillir davantage d’étudiants étrangers dans nos universités.
«Les universités sont de plus en plus internationales et on comptait 4,3 millions d’étudiants étrangers dans les universités du monde en 2011. Le cinquième des étudiants dans les universités australiennes proviennent d’autres pays», disait l’ancien banquier et professeur d’économie.
Les universités seraient en compétition pour recruter des étudiants étrangers, et l’accueil d’étudiants étrangers est devenu une composante de la politique étrangère de plusieurs pays. Une fois diplômés, ces jeunes peuvent choisir de rester sur place et de contribuer à leur société d’accueil, notamment grâce à leurs liens avec leur société d’origine. Ils peuvent retourner dans leur pays, mais ils seront des alliés et des contacts précieux pour leurs anciens collègues de classe qui ont choisi le milieu des affaires.
En 2011, le Québec n’aurait accueilli que 12 % des étudiants étrangers au Canada.
Contrairement à ce que l’on croit généralement, Henri-Paul Rousseau ne pense pas que c’est le capital qui engage des gens aux talents particuliers. Il préfère retourner l’équation dans l’autre sens. Pour lui, ce sont les réseaux qui attirent des gens talentueux et des entrepreneurs, et ce sont eux qui iront par la suite chercher du capital pour financer leur projet.
Les réseaux sont donc plus importants que le capital, et le Québec doit avoir accès à ces réseaux internationaux pour faire croître ses entreprises.
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À propos de Pierre Duhamel
Journaliste depuis plus de 30 ans, Pierre Duhamel observe de près et commente l’actualité économique depuis 1986. Il a été rédacteur en chef et/ou éditeur de plusieurs publications, dont des magazines (Commerce, Affaires Plus, Montréal Centre-Ville) et des journaux spécialisés (Finance & Investissement, Investment Executive). Conférencier recherché, Pierre Duhamel a aussi commenté l’actualité économique sur les ondes du canal Argent, de LCN et de TVA. On peut le trouver sur Facebook et Twitter : @duhamelp.
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