Perdre sa voix, c’est voir s’envoler une partie de son identité. Ceux qui subissent des attaques cardiaques, qui souffrent de la maladie de Parkinson ou qui vivent avec une paralysie cérébrale peuvent toutefois continuer à se faire entendre grâce à des synthétiseurs de voix – la voix informatisée de Stephen Hawking, baptisée «Perfect Paul», en est un bon exemple. Mais ils ne peuvent plus compter sur cet organe qui les rend si distinctement uniques.
Sous l’impulsion du Dr Rupal Patel, cela va peut-être bientôt changer. Pour The Atlantic, elle explique que la technologie nous permet maintenant de penser à la voix « de la même manière que nous pensons aux polices de caractères pour les textes ».
Depuis plusieurs années maintenant, elle tente, avec son collègue Dr Tim Bunnell, de mettre au point des voix pour ceux qui en sont privés. Faites sur mesure, ces voix prothétiques, au-delà de leur intonation naturelle, permettent à leurs utilisateurs de retrouver une identité vocale, d’autant qu’elles prennent en compte leur genre, taille, âge et région d’origine.
Pour y arriver, des volontaires viennent en studio pour lire des phrases provenant de livres comme Croc-Blanc et Le magicien d’Oz. Patel et son équipe enregistrent alors la voix – si possible – de celui pour qui ils accomplissent ce travail, afin de se faire une idée de son ton. Grâce à un logiciel de leur cru, VocalID, ils mélangent les deux échantillons de voix et créent une collection acoustique de mots à la disposition de celui qui en a besoin pour communiquer.
Samantha Grimaldo est l’une des bénéficiaires du travail du Dr Patel. Née avec une maladie rare, la polymicrogyrie, elle n’a jamais vraiment été capable de parler. Pour communiquer, elle utilisait jusqu’à récemment un programme sur son téléphone ou sa tablette. Cependant, dans des lieux publics, elle s’abstenait de l’utiliser, gênée par la sonorité mécanique de cette voix.
Dans un reportage de NPR, elle explique qu’elle ne se reconnaissait pas dans sa voix métallique, qui lui donnait l’impression d’être plus âgée qu’elle ne l’était.
Entre en scène le Dr Patel. C’est dans son laboratoire que la jeune femme s’est rendue, afin de donner des échantillons de voix. « Nous avons seulement besoin qu’ils fassent un son continu, comme ahhhhhh », a dit la chercheure. Voici d’ailleurs le « ahhhhhh » de Samantha Grimaldo.
Après avoir associé les sons produits par Samantha Grimaldo avec une voix aux caractéristiques de hauteur et de respiration similaires, le Dr Patel a tout bonnement créé une nouvelle voix, claire et légère, que la jeune femme a découvert au début du mois de mars.
Samantha Grimaldo, qui était l’une des premières à avoir franchi la porte du laboratoire du Dr Patel, a cependant bien grandi en attendant que le Dr Patel perfectionne sa technique. Il lui faudra refaire l’expérience pour avoir une voix qui corresponde à son âge actuel. Qu’importe, en entendant « sa » voix, un large sourire a envahi son visage.
Cette procédure est toutefois fastidieuse, explique New Scientist. Rien que pour créer une voix utilisable, il faut qu’un donneur lise au moins 800 phrases, alors que pour en arriver à une voix naturelle, pas moins de 3 000 phrases sont nécessaires.
C’est pourquoi le Dr Patel, qui est professeure associée à l’Université Northeastern, a mis au point le Human Voicebank Initiative, qui vise à créer un répertoire de voix humaines pouvant être données à ceux qui ont perdu la leur. Plus de 10 000 personnes sont actuellement inscrites comme donneurs de voix, et ce chiffre pourrait rapidement grandir grâce, notamment, à une application iPhone permettant aux utilisateurs d’enregistrer leur voix durant leur temps libre.
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