Un troisième sondage (en incluant le CROP commandité par la CAQ seulement auprès d’électeurs francophones), réalisé après le débat de jeudi dernier, suggère que le PQ perd des plumes aussi bien à la CAQ qu’à QS pendant que le PLQ conserve sa mise.
Selon Ipsos*, qui a sondé pour le réseau CTV, le PLQ a pris neuf points d’avance au total sur le PQ — essentiellement parce que ce dernier a perdu des appuis aux tiers partis depuis la dernière fois que le sondeur est allé sur le terrain.
Cela donne : PLQ – 37 % / PQ – 28 % / CAQ – 19 % / QS – 13 %.
Selon Ipsos, PLQ et PQ sont à égalité dans les intentions de vote des francophones (31 %), et la CAQ est à 21 %.
Autre tuile pour le PQ : les électeurs les plus déterminés à aller voter et à maintenir leur choix sont libéraux.
Cela n’est pas vraiment surprenant, dans la mesure où le vote fédéraliste repose sur des fondations bétonnées mais néanmoins trop concentrée pour garantir, à elles seules, une victoire libérale.
Les analystes d’Ipsos suggèrent que le dernier meilleur espoir du PQ de remporter l’élection repose sur les épaules… de François Legault.
Si le chef de la CAQ réussissait à ramener au bercail des votes qui l’ont quitté pour le PLQ, cela aiderait le parti de Pauline Marois à reprendre ou garder le dessus en territoire francophone.
Ce que j’en pense :
1. À voir la tendance, il me semble que Pauline Marois a le pire de deux mondes.
La perspective référendaire a consolidé les appuis du PLQ et détaché de la CAQ des votes fédéralistes perdus par Jean Charest en 2012.
Les efforts du PQ pour mettre la pédale douce sur ses projets référendaires ont incité des électeurs souverainistes ou nationalistes (mais pas nécessairement péquistes) à se sentir plus libres de voter pour Québec solidaire ou encore —et surtout — pour la Coalition avenir Québec.
La conclusion, c’est que, à cinq jours du vote, le contrôle de la destinée électorale du PQ échappe désormais largement à Pauline Marois. Et que la perspective de la Charte de la laïcité semble tomber dans l’oreille de sourds. On pourrait croire, à voir le score élevé de QS dans ce sondage, que le sujet éloigne des électeurs du PQ.
2. Contrairement au scénario de 2012, l’électorat libéral «mou» est plus motivé à voter pour le PLQ. Cela tient probablement aussi bien à la perspective référendaire à laquelle cet électorat est réfractaire qu’au fait que Jean Charest — en pleine crise sociale, et avec l’usure du pouvoir — exerçait un effet repoussoir sur une partie de la clientèle non péquiste.
3. Il faudrait tout un élan pour que la CAQ, malgré sa remontée des derniers jours, réussisse à revenir dans les ligues majeures lundi soir. La campagne, du point de vue médiatique, est sur le point de passer de la phase couverture à celle des bilans.
4. Avec les scores actuels, les quatre chefs ont de bonnes chances d’être élus dans leurs circonscriptions respectives lundi soir.
Si j’avais à donner un ordre de certitude, ce serait 1) Pauline Marois, 2) Françoise David, 3) François Legault et 4) Philippe Couillard.
Chose certaine, il y a eu du mouvement depuis le dernier débat de la campagne, mais pas dans le sens espéré par le PQ. On verra, à la lumière du sondage que prépare Léger Marketing, si la tendance continue à se maintenir d’ici le dernier weekend avant le vote de lundi.
*lien en anglais.
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À propos de Chantal Hébert
Chantal Hébert est chroniqueuse politique au Toronto Star depuis 1999. Elle signe également une chronique dans le magazine L’actualité et commente la politique à la radio (C’est pas trop tôt sur les ondes d’ICI Radio-Canada Première) et à la télévision (Les coulisses du pouvoir à RDI / ICI Radio-Canada Télé et At Issue à CBC). On peut la suivre sur Twitter : @ChantalHbert.
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