Le baiser de la mort. Il n’y a pas d’autre expression pour décrire l’endossement inattendu du Dr Arthur Porter à la candidature de Philippe Couillard.
«Je pense qu’il ferait un bon premier ministre», a dit le Dr Porter à son biographe, du fond de sa cellule au Panama, selon le compte-rendu du quotidien The Globe and Mail. «Philippe est extrêmement intelligent, polyvalent et il a une bonne compréhension du monde. Il comprend le Québec, le Canada et le monde», a-t-il ajouté.
Un appui venant d’un homme accusé de fraude, complot pour fraude, fraude envers le gouvernement, abus de confiance, perception de commissions secrètes et recyclage des produits de la criminalité… Disons que ça ne fait pas très propre.
J’ai de la difficulté à trouver des points de comparaison. Aucun autre chef de parti, dans la course actuelle, n’a entretenu des liens d’affaires avec un homme qui a été accusé par la suite de fraude. Et aucun autre chef n’a vu des amis aussi gênants sortir publiquement pour leur donner un coup de main. Un coup de main dont le chef libéral se serait sûrement passé.
Depuis le deuxième débat des chefs, Philippe Couillard essaie tant bien que mal de prendre ses distances d’Arthur Porter. Les deux hommes avaient l’intention de se lancer en affaires ensemble. L’ex-directeur du CUSM et l’ex ministre de la Santé avaient enregistré une compagnie, qui a eu une existence légale pendant deux ans. Une coquille vide, a dit Philippe Couillard.
Le Dr Porter a confirmé lui aussi que l’entreprise n’avait pas été activée. «J’étais encore essentiellement au CUSM et nous voulions attendre que les liens soient coupés», a-t-il expliqué.
Lors du deuxième débat, François Legault a posé une question qui a laissé le chef libéral sans voix. Puisque Philippe Couillard et Arthur Porter avaient décidé de s’associer, ils devaient bien avoir élaboré un plan d’affaires, non ? Les gens normalement constitués ne se lancent pas en affaires avec le premier venu, sur un coup de tête, sans exiger des garanties, ou sans connaître un peu leur associé.
D’ailleurs, le Dr Porter affirme que Philippe Couillard et lui se connaissaient très bien et qu’ils se fréquentaient socialement. Ils ont bien dû discuter des affaires qu’ils allaient brasser ensemble.
Quelles étaient les intentions d’affaires de Philippe Couillard et d’Arthur Porter ? Il ne suffira pas à M. Couillard de dire que la compagnie n’a jamais été activée pour dissiper les appréhensions légitimes des électeurs. Ils pourront sans doute pardonner au chef libéral son association avec le Dr Porter. Nul doute qu’il a été berné, comme tant d’autres, par la personnalité charismatique du présumé fraudeur.
M. Couillard devrait avoir le courage de dissiper le malentendu. Est-ce trop demander qu’une explication claire et définitive de sa part ?
* * *
À propos de Brian Myles
Brian Myles est journaliste au quotidien Le Devoir, où il traite des affaires policières, municipales et judiciaires. Il est présentement affecté à la couverture de la commission Charbonneau. Blogueur à L’actualité depuis 2012, il est également chargé de cours à l’École des médias de l’Université du Québec à Montréal (UQAM). On peut le suivre sur Twitter : @brianmyles.
Cet article Le baiser de la mort du Dr Porter est apparu en premier sur L'actualité.
Consultez la source sur Lactualite.com: Le baiser de la mort du Dr Porter