QUÉBEC – Les patients devront continuer à faire preuve de patience, sous un gouvernement libéral. Le Parti libéral du Québec (PLQ) renonce à fixer des objectifs chiffrés de réduction du délai d’attente à l’urgence des hôpitaux ou du délai jugé acceptable pour obtenir une chirurgie.
Il ne s’engage donc plus à éliminer l’attente dans le réseau de la santé dans un horizon précis, s’il est porté au pouvoir le 7 avril.
Il faut voir les choses autrement, plaide désormais le nouveau porte-étendard de l’équipe libérale en santé, le Dr Gaétan Barrette, qui refuse d’y voir un aveu d’échec, lors d’une entrevue à La Presse Canadienne mardi.
Le Dr Barrette se dit persuadé que les mesures annoncées le jour même par son chef Philippe Couillard pour améliorer le fonctionnement du réseau donneront «vraiment» des résultats tangibles en termes d’accès aux soins de santé. Oui, mais dans combien de temps? Et dans quelle mesure?
«Si vous me demandez si on va éliminer les attentes dans tous les secteurs en trois mois, ça je peux pas vous dire ça. Il n’y a pas d’engagement, effectivement, là-dessus», répond le candidat-vedette du PLQ dans La Pinière.
En 2012, quand il était candidat de la Coalition avenir Québec (CAQ), le Dr Barrette croyait pourtant pouvoir enfin régler le problème chronique des listes d’attente en promettant notamment, durant la première année d’un gouvernement caquiste, un médecin de famille pour chaque Québécois. Pour y arriver, il voulait forcer les médecins à voir au moins 25 patients par jour.
Un an et demi plus tard, s’estimant échaudé pour avoir pris dans le passé «des engagements qui étaient trop militaires», il tient un discours fort différent, plus prudent, qui vise à «éviter l’écueil d’avoir une espèce de contrat inviolable», impossible à respecter.
Il dit donc préférer une «approche pragmatique, qui laisse à tout le monde la possibilité de respirer». Pas d’engagements chiffrés, donc pas d’engagements brisés.
Son nouveau parti, le PLQ, avait comme porte-étendard en santé le Dr Philippe Couillard, quand il a pris le pouvoir en 2003, en promettant alors d’éliminer dans le temps de le dire toute attente dans les salles d’urgence d’hôpitaux et les salles d’opération.
Dix ans plus tard, à Montréal, les patients devaient attendre près de 21 heures, en moyenne, sur une civière placée dans un corridor, avant d’obtenir une chambre. Dans l’ensemble du Québec, la durée moyenne d’attente était de 17h30 à l’urgence. La cible du ministère _ maximum: 12 heures d’attente _, bien modeste si on la compare à celle de 2003, n’a pu être atteinte.
Mais le Dr Barrette se montre confiant et convaincu que les mesures annoncées mardi par son parti _création de 50 supercliniques en milieu urbain et formation de 2000 superinfirmières _ auront un «effet collatéral positif ailleurs dans le réseau» dans le sens de désengorger les urgences des hôpitaux.
«Les mesures que nous annonçons auront pour effet de diminuer l’attente. La formule vise le même objectif», mais un gouvernement libéral s’abstiendra cette fois-ci d’encercler une date sur le calendrier pour crier victoire.
L’objectif qui consistait à éliminer l’attente est devenu un «effet» souhaité.
En acceptant de porter les couleurs du PLQ, le Dr Barrette assure qu’il n’a rien négocié et qu’on ne lui a rien promis. À mots couverts, il laisse cependant entendre que c’est lui et non l’ex-ministre Yves Bolduc qui occupera le poste de ministre de la Santé dans un éventuel gouvernement Couillard.
«On m’a dit que j’allais participer à une équipe décisionnelle» en santé, dit le candidat qui soutient être bien reçu dans La Pinière, où la population ne voudra pas, selon lui, «perdre son vote» en appuyant la candidate indépendante Fatima Houda-Pepin, anciennement libérale.
S’il devient ministre de la Santé, il pourrait devoir négocier les prochaines ententes salariales entre le gouvernement et les médecins. Il est reconnu pour son tempérament combatif et ses talents de négociateur à la dent longue. En 2006, il était président de la Fédération des médecins spécialistes du Québec et avait réussi à arracher au gouvernement des augmentations salariales records de l’ordre de 67 pour cent pour ses membres, de 2008-2009 à 2013-2014. En 2013-2014, l’enveloppe de rémunération des 18 000 médecins atteint 6,1 milliards $.
En tant que ministre de la Santé, il s’engagerait dès lors «à défendre les intérêts de 8 millions de Québécois» avec le même enthousiasme, dit-il.
Affronter le puissant lobby des médecins qu’il a fortement contribué à bâtir ne lui ferait-il pas peur, en tant que ministre de la Santé? La réponse a coulé de source: «C’est pas dans ma nature, ce genre de peur-là».
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