L’actif de la Caisse de dépôt et placement a franchi le cap des 200 milliards de dollars grâce à un rendement de 13,1% en 2013. Voilà une bonne nouvelle, mais le parcours sans faute de Michael Sabia depuis qu’il est à la tête de l’établissement m’impressionne encore plus.
Les Québécois ont une relation particulière avec la Caisse de dépôt. Elle est à la fois leur bas de laine, puisqu’elle gère les fonds des caisses de retraite de l’État et de plusieurs de ses sociétés, et le gendarme toujours appelé en renfort quand une entreprise québécoise vacille ou risque de passer en des mains étrangères. Elle est enfin un objet de fierté, car on ne trouve pas beaucoup d’établissements de cette ampleur et de cette taille. Aussi, la colère était palpable quand la Caisse a subi sa dégelée historique en 2008 avec des pertes de presque 39 milliards de dollars à cause de placements risqués et des mauvaises conditions du marché.
Arrive Michael Sabia. Personnellement, mes attentes n’étaient pas grandes. Que venait faire au juste un ancien président de Bell dans une institution financière, de surcroît complexe et politique comme la Caisse de dépôt? Quatre ans plus tard, le bilan est remarquable.
D’abord, les rendements sont au rendez-vous. Sans être spectaculaires, ils restent solides. La Caisse a obtenu un rendement moyen de 10% par année sur les quatre dernières années. Pour son principal «client», la Régie des rentes du Québec, la Caisse a généré en 2013 un rendement de 15,5%, contre 14,2% pour le rendement médian des caisses canadiennes. Oui, le marché boursier a été formidable l’an dernier, mais la Caisse a su faire mieux que la majorité des joueurs comparables.
Mais ce qui me rend le plus admiratif, ce sont les habiletés de gestion et le sens politique de Monsieur Sabia.
Il a réussi à bien travailler avec les deux gouvernements qui ont chapeauté son travail et le gouvernement péquiste a renouvelé son mandat de cinq ans en octobre dernier. Il a su maîtriser habilement la fine dialectique entre les rendements nécessaires pour assurer la viabilité des régimes de pension et la contribution attendue à l’économie québécoise. La Caisse a haussé ses actifs québécois de 20,3 milliards de dollars depuis quatre ans et ses actions dans les entreprises québécoises représentent maintenant 32% de son portefeuille boursier canadien.
En plus de mettre de l’ordre dans l’organisation, il a formé une très belle équipe. Je pense en premier lieu à Roland Lescure, premier vice-président et chef des Placements, recruté à Paris, ou encore à Daniel Fournier, à la tête d’Ivanhoé Cambridge, le bras immobilier .
Dès son arrivée, Michael Sabia a établi une politique d’investissement axée sur des valeurs sûres, ce qu’il appelle l’économie réelle. Son type de placement idéal est une compagnie comme Colgate, qu’il a souvent donnée en exemple, quitte à passer, comme il l’a dit en conférence de presse mercredi, «pour un simple d’esprit». De telles entreprises génèrent année après année de solides dividendes et sont moins touchées par des mouvements spéculatifs.
Michael Sabia s’avère aussi un excellent communicateur. Je trouve son discours très clair, qu’il parle d’enjeux économiques ou d’occasions d’affaires pour la Caisse. Dans un monde où règne la complexité et un vocabulaire sibyllin (énigmatique, obscur), je trouve qu’il parle pour se faire comprendre. Il schématise très bien les enjeux économiques à plus long terme et il sait comment nous expliquer les conclusions que les spécialistes de la Caisse en tirent pour profiter des circonstances nouvelles et des occasions d’affaires qui se profilent.
Mais sa plus grande victoire, c’est d’avoir réussi à presque faire oublier cette immense organisation. Il n’y a aujourd’hui pas l’ombre du début d’une controverse au sujet de la Caisse de dépôt.
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