Ma fille n’a pas le câble, chose impensable pour moi. Elle regarde ses émissions de télé directement de son ordinateur, branché à l’écran. Elle n’est pas la seule : 1,8 million d’Américains se sont désabonnés de leur service de télédistribution entre septembre 2012 et septembre 2013.
Vous pouvez aujourd’hui suivre vos émissions préférées gratuitement sur Tou.tv, vous abonner pour 7,99 $ par mois à un service comme Netflix, qui offre des séries réputées et des films, ou consommer ces produits à la pièce avec un appareil comme Apple TV, un petit terminal branché à votre écran et connecté à votre réseau sans fil.
La tendance est lourde. Depuis peu, les émissions et films produits par Canal+, le numéro un français de la télévision payante, sont accessibles au Canada par le site Dailymotion, et non pas par l’intermédiaire de Vidéotron, Cogeco ou Bell Télé Fibe. L’ère de la câblodistribution serait-elle révolue ?
Mon entrée en matière un peu dramatique n’a pas troublé Louis Audet, président de Cogeco, deuxième câblodistributeur du Québec et de l’Ontario. Il n’a pas cillé quand je lui ai parlé de la défection de plus en plus d’abonnés du câble. Ni quand je lui ai signalé qu’un site spécialisé du Wall Street Journal prévoyait le triomphe du Web sur la télévision d’ici 10 ans.
« Nous répondons aux besoins de nos clients », me répond-il très calmement, assis dans son bureau de la Place Ville-Marie. « Il y en a qui vont sur Internet pour regarder leurs émissions, et d’autres qui optent pour la câblodistribution, afin d’avoir accès aux manifestations sportives en direct et à une panoplie de chaînes et de services. Nous voulons satisfaire ces deux clientèles. »
Ils sont malins, les télédistributeurs, car ils sont aussi les plus grands fournisseurs d’accès Internet haute vitesse. Ma fille ne paie pas d’abonnement au câble, mais elle consomme sans doute plus de données par mois qu’un utilisateur ordinaire, ce qui se traduit par un coût d’abonnement plus élevé à son service Internet. On peut s’interroger sur l’avenir de la télédistribution, mais certainement pas sur celui de ces entreprises qui surfent sur l’extraordinaire croissance du trafic Internet.
Louis Audet est tout fier de me montrer un graphique produit par le géant américain Cisco, concepteur de technologies pour le Web. Cisco prévoit que le trafic mondial sur Internet doublera dans les trois prochaines années, passant de 55 500 pétaoctets par mois en 2013 à 120 600 pétaoctets en 2017. Des pétaoctets ? Pour les futés, un pétaoctet représente un million de gigaoctets, ou encore l’équivalent de 10 octets à la puissance 15. Bref, c’est méga-hyper-super gros !
Cogeco Câble, filiale de Cogeco, est un peu l’acteur de l’ombre de la télédistribution, même s’il occupe le 11e rang en Amérique du Nord. L’entreprise compte 835 000 abonnés à la câblodistribution au Canada et 230 000 aux États-Unis. Elle a été l’un des pionniers de la fibre optique au Québec, établissant la première liaison entre deux villes en 1989, et elle offrait Internet haute vitesse dès 1994.
La filiale de Cogeco a construit ses propres réseaux de fibre optique au Québec et en Ontario, pour offrir des infrastructures et des services numériques privés aux entreprises ainsi que des sites d’hébergement, ce qui lui a rapporté 269 millions de dollars en 2013. Elle devrait générer des revenus de 1,9 milliard de dollars en 2014, toutes activités confondues.
Si la concurrence entre le câble et Internet n’émeut pas le président de Cogeco, celle qui l’oppose aux entreprises de téléphonie traditionnelles, comme Bell et Telus, le maintient en état d’alerte maximale et fait ressortir ce qu’il appelle « son côté paranoïaque ». « Nous devons rester les meilleurs. Il faut plaire à nos clients et rester pertinents, sinon ils vont aller ailleurs. »
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Cogeco est aussi propriétaire de certaines des stations de radio les plus écoutés au Québec, comme 98,5 FM, à Montréal, Rythme FM et 93,3 FM, à Québec, ainsi que d’un réseau d’affichage.
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