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Sotchi au cœur de la poudrière du Nord-Caucase

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RUSSIA-UNREST-POLITICS

L’attentat suicide à Volgograd, en décembre 2013. – Photo : Stringer / Agence France-Presse / Getty Images

À l’approche des Jeux olympiques d’hiver, la communauté internationale a les yeux rivés sur la ville-hôte de Sotchi, station balnéaire située dans la partie russe du Caucase.

Affichant un discours qui mêle revendications nationalistes et appel au jihad, des rebelles indépendantistes instaurent un climat de terreur dans la région, y perpétrant régulièrement des attentats suicides.

Le Caucase du nord est en effet depuis plus de vingt ans le berceau d’une insurrection polymorphe et radicalisée par des années de guerre et de répression.

Les guerres d’indépendance tchétchènes

Après l’éclatement de l’URSS, plusieurs républiques du Caucase revendiquent leur autonomie, dont la Tchétchénie. Son président Djokhar Doudaev proclame en 1991 la sécession, puis l’indépendance. L’offensive des troupes russes pour reprendre le contrôle de la province échoue à l’époque devant une résistance tchétchène farouche.

Pendant quelques années, les tensions entre communautés russes et tchétchènes et la dérive autoritaire du régime de Doudaev provoquent d’importantes vagues d’exil.

En 1994, 30 000 soldats russes envahissent par surprise la Tchétchénie, mettant le pays à feu et à sang. Après plus 100 000 morts, un accord de paix de courte durée consacre en 1996 un statu quo accordant à la République tchétchène d’Itchkérie une autonomie gouvernementale de facto.

Mais l’amorce d’une rébellion tchétchène armée dès 1999, dirigée par le chef de guerre Chamil Bassaev, provoque une nouvelle offensive du gouvernement russe.

La province est dévastée : en 2000, un peu moins de 300 000 tchétchènes sont réfugiés dans les républiques voisines (Ingouchie, Kabardino-Balkarie). Entre massacres et exil, la Tchétchénie perd plus de la moitié de sa population.

Vladimir Poutine place alors la province sous administration présidentielle directe et refuse toute proposition des indépendantistes, contre lesquels il mène encore aujourd’hui une lutte sans merci.

Une rébellion polymorphe mais radicalisée

La rébellion tchétchène se radicalise aux yeux du monde avec la tristement célèbre prise d’otages de l’école de Beslan (Ossétie du Nord) par Chamil Bassaev, en 2004. Après trois jours de siège par les forces russes, les rebelles avaient ouvert le feu sur les civils et causé la mort de plus de 300 personnes, dont 186 enfants.

Plus récemment, en octobre et décembre 2013, deux jeunes femmes kamikazes se sont fait exploser à Volgograd (ex-Stalingrad, au sud de la Russie). Surnommées les «veuves noires» et épousant la cause d’un fils, d’un frère ou d’un mari mort au combat, ces femmes ont mené une véritable vendetta contre les forces russes.

Après une timide période de conciliation (dialogue, grâce de rebelles repentis) sous Dimitri Medvedev (2008-2012), la répression menée par Vladimir Poutine contre ces rebelles se durcit, à grand renfort d’arrestations massives, enlèvements et tortures, alimentant toujours plus l’insurrection.

Cette répression prend également la forme insidieuse d’une violence identitaire : stigmatisation, ostracisation, russification etc.

Les forces antiterroristes mènent régulièrement des actions de «décapitation» des émirats régionaux clandestins, à l’image de l’assassinat en janvier 2013 des frères Gakaev, jeunes chefs adulés, héritiers de la lutte pour l’indépendance tchétchène.

Dès lors, perdant à la fois leur chef et leur structure, les groupes armés rebelles sont déstabilisés et se réorganisent : les actions, violentes mais peu coordonnées, relèvent plus de la survie que de l’attaque ciblée. Le manque de hiérarchie au sein des groupes entraîne alors la formation de cellules de cinq ou six combattants, agissant exclusivement de manière locale.

La montée de l’islam radical

La répression brutale des forces russes attise la colère des populations tchétchènes plus qu’elle ne dissuade les rebelles. Ces populations rejettent également l’ordre social inégalitaire des régimes clientélistes qu’elles subissent.

En réaction à cette déliquescence, les jeunes générations intègrent donc, dès la fin des années 1990, des «cellules de regroupement» islamiques (jamaats) — canaux informels d’aide sociale, et terreaux de la résistance armée. Elles y suivent à la lettre les normes et règles islamiques, s’appuyant sur une interprétation militante et politisée du Coran.

La résistance tchétchène développe ainsi — dès l’entre deux guerres — un discours religieux qui mêle revendications nationalistes et références à l’islam «pur».

L’implantation de l’islam radical s’est notamment faite par l’entremise d’acteurs extérieurs : après s’être battu au Tadjikistan et en Afghanistan, Ibn al Khattab, un islamiste saoudien proche de Chamil Bassaev, décide de porter le jihad en Tchétchénie.

Avec une quarantaine de combattants (Tatars, Ouïgours) il forme un «bataillon islamique», enrichi lors de la deuxième guerre russo-tchétchène d’une centaine de jihadistes géorgiens et arabes porteurs de fonds financiers importants (Arabie saoudite et Jordanie).

Ces camps jihadistes seront la première cible des bombardements russes en 1996, symbole du changement idéologique qui s’opère déjà dans la région.

Un front du jihad global

Outre ces soutiens financiers et humains extérieurs, les islamistes de l’Emirat du Caucase entretiennent des liens avec certains rebelles expatriés, impliqués notamment dans la lutte contre les forces loyalistes de Bachar al-Assad en Syrie.

Omar al-Chichani, tchétchène de Géorgie, est ainsi le chef militaire de l’État islamique d’Irak et du Levant, groupe sunnite intégriste composé d’anciens combattants d’Al-Qaida en Irak, très actif dans la rébellion syrienne.

Par ailleurs, les attentats de Volgograd de décembre 2013 ont été revendiqués par le mouvement Vilayat Daghestan, lié au mouvement islamiste irakien Ansar Al-Sounna.

Depuis sa création par Dokou Oumarov en 2007, l’Émirat vise à imposer une version rigoriste de la charia dans des régions où les factions rebelles islamisées se multiplient, grâce au relais des chefs locaux (Daghestan, Ingouchie et Kabardino-Balkarie). L’objectif à long terme est la création d’un État islamique dans le Caucase du Nord.

Après plusieurs attaques meurtrières (attentat à l’aéroport et dans le métro de Moscou en 2010), le mouvement figure d’ailleurs sur la liste des organisations terroristes établie par les États-Unis et le Canada.

***

N’étant pas a priori en mesure de mener une action opérationnelle et stratégique concertée, ces rebelles ne sont pas assurés d’être en mesure de frapper les installations olympiques. Mais de nouveaux attentats pourraient toucher d’autres villes et infrastructures (aéroports, hôtels) en Russie ou au Daghestan, rendues vulnérables par la concentration du dispositif sécuritaire autour de Sotchi.

 

Aurélie Allain

Chercheure en résidence, Observatoire de géopolitique

Chaire @RDandurand @UQAM

Suivez-la : @allainaurelie

***

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Visiter les Calanques de Marseille c’est comme voyager au bout du monde dans un endroit à la fois mythique et captivant. Mais comment se permettre une telle fantaisie ? Justement, une sortie dans les Calanques rentre pratiquement dans l’air du temps et peut convenir à n’importe quel voyageur. Mais pour bien marquer cette journée, autant s’assurer d’avoir fait le bon choix du circuit.

Autour des itinéraires dans les Calanques

Avant de se décider de quel circuit choisir, toujours est-il d’évoquer les itinéraires possibles pour une sortie dans les Calanques avec Bleu Evasion. Du Parc national des Calanques, on peut certainement prendre le large en direction des plus belles calanques de Marseille entre Sormiou et Cassis. Le parc national des Calanques est une destination mythique pour ceux qui rêvent d’évasion sur la grande bleue. La visite promet détente absolu et dépaysement total. Du parc national également, on passe d’une ville à une autre depuis Sugition à Morgiou en passant par Port Pin et Port Miou. Un autre itinéraire reste envisageable pour une sortie dans les Calanques. Il s’agit du circuit dans l’archipel de Frioul. Les îles de Frioul proposent de multiples activités nautiques mais aussi des randonnées terrestres à part entière. Le château d’if fait partie intégrante du voyage et convie à une découverte historique sans parler de la fameuse légende de Monte Cristo.

Le circuit dans les Calanques de Marseille

Pour mieux trancher, autant passer en revue toutes les possibilités de circuit à commencer par le circuit des Calanques. Il reste propice à une simple visite qu’à la pratique des activités nautiques. Voyager au cœur du parc national de Marseille est un honneur pour ceux qui aiment la nature et à ceux qui recherchent une échappée belle. En d’autres termes, il n’y a pas meilleur endroit pour se perdre que dans le parc national. D’ailleurs, ce ne sont pas les activités qui manquent en dehors des plaisirs nautiques. Visiter le parc national c’est comprendre l’intérêt pour la préservation de ce milieu fragile doté d’une biodiversité rare au monde. Les voyageurs peuvent passer d’une Calanque à une autre et profiter des paysages immaculés qui se succèdent au rythme du bateau. A ce propos, la location d’un bateau s’impose également lorsqu’on souhaite vivre une expérience de voyage inoubliable dans les Calanques. On peut trancher entre un bateau à moteur et un Catamaran.

Le circuit dans l’archipel de Frioul

Frioul est un vrai paradis pour les plaisanciers et les férus des sports nautiques. Il s’apparente plus à une pratique d’activités nautiques qu’à une simple découverte des îles. Faire une immersion dans l’archipel de Frioul c’est comme s’évader dans un monde sorti tout droit d’un conte de fée. Au programme : la plongée sous marin, le scooter sous marin, la baignade, la bouée tractée, le farniente et la visite des îles et en particulier du Château de l’île d’If. En bref, choisir un circuit dans les Calanques n’est pas évident, raison de plus pour personnaliser son excursion en combinant les deux circuits en un seul voyage.


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