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Géopolitique des Jeux olympiques les enjeux de Sotchi

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Photo : Richard Heathcote / Getty Images

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À l’heure où s’ouvrent les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi — que Vladimir Poutine décrit comme «le plus grand événement de l’histoire post-soviétique» —, le rôle géopolitique des grands événements sportifs se trouve réaffirmé, dans un monde où les enjeux ne sont peut-être plus aussi idéologiques qu’au temps de la guerre froide… mais où chaque occasion de bien paraître sur la scène internationale prend une importance accrue.

Dans ce «grand jeu» olympique, et alors que les pays spéculent déjà sur leur nombre de médailles comme on tablerait sur des trophées de chasse, il y a lieu de se demander ce qui reste de l’idéal prôné par le baron Pierre de Coubertin et de la véritable universalité de cette grande fête du sport censée rapprocher les nations.

Le «miracle sur glace» : les JO de Lake Placid en pleine guerre froide

Le 22 février 1980, à Lake Placid, dans l’État de New York, le tournoi de hockey olympique entre dans sa phase décisive.

Le vainqueur du match entre les États-Unis et l’Union soviétique aura de fortes chances de gagner l’or et, même à domicile, les Américains n’ont sur papier aucune chance face à la surpuissante équipe soviétique.

Mais les hommes de Herb Brooks — bien qu’étrillés 13 jours plus tôt par ces mêmes Soviétiques, avec un score de 10-3 au Madison Square Garden de New York — ont passé des mois à se préparer pour ce moment. Et la situation politique mondiale est explosive : l’ambassade américaine de Téhéran a été envahie le 4 novembre 1979, et les Soviétiques sont entrés en Afghanistan ce même mois. Les Américains se préparent alors à boycotter les Jeux d’été de Moscou en guise de représailles, après avoir craint que les pays du Bloc de l’Est en fassent de même à Lake Placid. Par ailleurs, quelques mois plus tard — en novembre 1980, plus précisément —, les États-Unis éliront celui qui, avec Margaret Thatcher et Jean-Paul II, symbolisera la lutte contre «L’Empire du Mal» : un ex-acteur californien du nom de Ronald Reagan.

Le contexte mondial est donc à la guerre froide. Dave Silk, l’un des membres de cette équipe, dira plus tard de ce match :

«Pour nous, c’était (juste) un match de hockey. Pour le reste du monde, c’était un enjeu politique» (To us, it was a hockey game ; to the rest of the world it was a political statement).

Symbole ultime de l’enjeu, Silk se souvient, parmi tous les télégrammes épinglés par le coach Brooks sur le mur des vestiaires, de celui d’une femme du Texas leur demandant d’«aller chercher et tuer tous ces bâtards de cocos» (Go out and kill those Commie Bastards).

Surmotivés, les joueurs américains réussiront ce qui est depuis lors appelé «le miracle sur glace», que le magazine Sports Illustrated a qualifié en 1999 de «plus grand événement sportif du XXe siècle». En 2004, les films Walt Disney en feront un film, Miracle, dans lequel Kurt Russell joue le rôle d’Herb Brooks.

La défaite soviétique a donc consacré la réapparition des États-Unis dans le match géopolitique : leur victoire aux Jeux olympiques constitue la révélation publique du retour des États-Unis sur la scène internationale — un retour amorcé, dans les faits, sous Carter. Dans ses mémoires qui viennent d’être publiées, l’ancien ministre à la Défense de Barack Obama, Robert Gate, souligne d’ailleurs l’importance du virage amorcé par la Maison-Blanche à compter du printemps 1980.

Ainsi, au-delà du sport, c’est la signification politique de cette rencontre qui a marqué les esprits. Une victoire sportive en pleine guerre froide (face à l’ennemi déclaré), inattendue, dans l’un des sports où ce dernier est considéré comme la référence : tous les ingrédients étaient réunis pour en faire un moment unique. Et surtout, il s’agissait des Jeux olympiques, vitrine universelle du sport.

Un rôle géopolitique traditionnel

Parmi les grands événements sportifs, les Jeux olympiques occupent un rôle qui s’avère de plus en plus important lorsqu’on le compare à celui d’autres grand-messes sportives, car il dépasse souvent le cadre du sport, dans un monde où les enjeux ne sont plus idéologiques comme au temps de la guerre froide — mais où chaque occasion de bien paraître sur la scène internationale compte.

À titre comparatif, les Jeux olympiques permettent une forme de «partage» de la gloire, ce qui n’est pas le cas d’une Coupe du monde de soccer au prestige universel, mais qui ne consacre qu’une équipe — et donc un seul pays. Le classement final n’est pas le seul enjeu, et plusieurs champions olympiques peuvent ainsi être honorés en plus de voir leur gloire rejaillir sur leurs pays respectifs.

Conséquemment, réussir ses Jeux — tant au plan de l’organisation que de la participation (et donc des victoires) — a un rôle géopolitique déterminant, que les pays voient désormais comme la consécration d’une autre forme de puissance. À cet égard, la Chine ne s’est pas trompée en théorisant, en 2008, les JO en terme de puissance souple — ce fameux «soft power» cher à Joseph Nye.

Mais il serait faux de penser que cette dimension politique est le seul fait des Jeux de l’ère moderne et que les Olympiques, dans leur version originale, en étaient dénués. Au contraire, ces derniers offraient aux cités grecques en compétition l’occasion de tirer parti de la gloire de leurs champions, même si les épreuves étaient individuelles et qu’il n’y avait pas d’équipes représentant les cités.

Durant les 1 000 ans qu’ont duré ces Jeux, c’est d’ailleurs Sparte (et son système si particulier) qui s’est taillée la part du lion en termes de nombre de victoires olympiques. Autre preuve de la dimension politique des Jeux : la trêve olympique de mise durant leur période — établie durant la Grèce antique par traité afin de permettre aux concurrents, aux artistes et à leurs familles de se rendre sur place, ainsi que les pèlerins — était le plus souvent respectée… sauf par Sparte, ironiquement. Et pour les athlètes antiques, seule la victoire comptait…

La propagande des JO

En effet, en dépit des principes de l’olympisme affichés par le Comité international olympique (CIO), on a souvent été très loin de l’esprit olympique «qui exige la compréhension mutuelle, l’esprit d’amitié, la solidarité et le fair-play».

Bien au contraire, les Jeux de l’ère moderne ont vite été récupérés par la propagande. À ce titre, les régimes totalitaires, comme l’Allemagne hitlérienne et l’URSS, représentent des exemples patents de la manière dont un gouvernement pouvait rechercher la victoire olympique et l’utiliser pour promouvoir son système politique.

Toutefois, cette tentation de la récupération n’a pas été l’apanage des seules dictatures de ce monde. Même pour des démocraties, les succès sur la scène olympique ont été (et sont encore) une manière de réaffirmer leur place mondiale.

Pour de jeunes nations ou des nations en devenir, un titre — voire une médaille — olympique, c’est une affirmation politique et identitaire sur la scène internationale. Par exemple, en 2012, durant les Jeux de Londres, les sportifs écossais ont participé à 14 des 28 médailles britanniques de Londres, dont 7 des 11 médailles d’or — un fait qui n’est pas passé inaperçu du côté des indépendantistes écossais.

De même, l’importance politique des Jeux olympiques modernes s’est aussi fait sentir dans la manière dont ils ont été instrumentalisés à travers différents boycotts ou menaces de boycotts.

Lors des Jeux de Moscou et de Los Angeles, justement, il s’agissait de fissurer cette vitrine mondiale — enjeu et orgueil du pays hôte — et de faire passer des messages politiques en amoindrissant l’impact de l’événement par l’absence d’un nombre aussi grand que possible des participants.

Le cas de Montréal était particulier, puisque le boycott (de la part de nombreux pays africains) ne visait pas directement le Canada, mais la Nouvelle-Zélande, dont l’équipe de rugby avait participé à une tournée en Afrique du Sud, alors mise au ban du CIO pour cause d’apartheid.

C’est la raison pour laquelle les JO deviennent un enjeu politique dès leur attribution — avant même que l’on ne parle de leur organisation stricto sensu — par le CIO.

Le règne de Juan Antonio Samaranch a collectionné une succession de décisions contestables, comme ce fut le cas à Barcelone, en 1992 (fief de Samaranch lui-même), et à Atlanta, en 1996, ville de la multinationale Coca-Cola.

Ces décisions discutables ont culminé avec le scandale de l’attribution des Jeux d’hiver de 2002 à Salt Lake City, aux États-Unis, à la suite d’une campagne de corruption et de pots de vins sans précédent dans l’histoire olympique. Parmi les villes qui furent lésées par ces manœuvres : Québec… et Sotchi, déjà.

Même si un grand ménage s’en est suivi (du moins, officiellement) du côté des pratiques du CIO, les désignations de Pékin, en 2008, et de Londres, en 2012, furent liées à des tractations et à un marchandage politiques au plus haut niveau des États concernés, une voie que Vladimir Poutine ne s’est pas gêné d’emprunter en 2007, date à laquelle les Jeux de 2014 furent attribués à Sotchi.

Poutine olympique

Vladimir Poutine peut donc se réjouir : quels qu’aient été les critères d’attribution, la Russie bénéficiera, pour un temps, d’une capacité de résonance qu’offrent tout particulièrement les JO — obligeant le reste du monde à détourner les yeux de certains éléments, comme les politiques homophobes du régime en place. Le temps, au moins, de la trêve olympique, tout en effaçant le souvenir mitigé qu’ont laissé les Jeux de Moscou en 1980…

Si la Russie consacre ainsi son retour sur la scène internationale, il reste qu’en terme de rayonnement, les Jeux d’hiver ont moins de répercussions que ceux d’été.

Plus récents — les premiers Jeux d’hiver sont apparus au début du XXe siècle, en 1924 —, ils ne concernent réellement que les pays qui ont des conditions climatiques adéquates, ce qui explique le faible nombre d’entre eux à les avoir organisés et à y avoir pris part (12 pays, dont le Canada, bien entendu).

Ces Jeux ne se sont, au demeurant, jamais tenus dans l’hémisphère Sud, et il a fallu attendre 1992 pour voir une athlète originaire de ce coin du monde gagner une médaille — tandis qu’on a fait un film mythique inspiré de l’aventure jamaïcaine en bobsleigh aux Jeux d’hiver de 1988, à Calgary.

Nécessitant souvent des équipements particuliers (et parfois coûteux), les Jeux d’hiver s’avèrent donc moins universels, malgré une croissance constante du nombre d’athlètes et de pays participants. On note d’ailleurs une progression fulgurante de l’Asie en ce qui a trait au nombre de médailles remportées, à travers les succès des Coréens, des Japonais et des Chinois.

Le cas Sotchi

Premiers Jeux organisés en Russie depuis Moscou, en 1980, Sotchi 2014 suscite bien des attentes au Kremlin.

Le choix d’une station balnéaire de la mer Noire, au climat peu hivernal, a soulevé bien des questions, et les coûts pharaoniques de l’organisation n’ont rien fait pour apaiser les observateurs extérieurs. Des voix se sont aussi élevées pour appeler au boycott de ces Jeux à la lumière des positions affichées par la Russie contre l’homosexualité.

Ironiquement, la réponse de Poutine à ces menaces a été de préciser que les événements sportifs internationaux avaient pour but de dépolitiser les questions internationales et de bâtir des ponts entre les pays. Étonnante déclaration de la part de quelqu’un qui a fait de ces Jeux un enjeu national majeur.

Quant à la question de la sécurité — omniprésente dans la ville et ses alentours —, Vladimir Poutine ne semble pas la craindre, du point de vue politique du moins. En effet, si aucun incident n’a lieu, cela renforcera sa position et ses choix sécuritaires, et si quoi que ce soit devait survenir, le leader du Kremlin instrumentaliserait l’événement pour accroître la sécuritisation du régime.

Alors que la flamme olympique, qui a accompli une odyssée sans précédent pour parvenir sur les bords de la mer Noire, est sur le point de s’allumer, les yeux d’une grande partie du monde se tournent donc vers la Russie. Il est clair que pour Vladimir Poutine, mais aussi pour la Russie post-soviétique, il s’agit d’un enjeu géopolitique majeur : il dispose là d’une occasion unique de transformer l’essai (son appartenance au groupe des BRICs, de même que son rôle dans la géopolitique moyen-orientale et celle est-européenne) pour réaffirmer sa position sur la scène internationale.

Yann Roche

Associé à l’Observatoire de géopolitique de la Chaire @RDandurand

Professeur, Département de géographie, @UQAM

 

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