OTTAWA – Alors que les appels à sa démission se multiplient, le ministre des Anciens combattants Julian Fantino n’a eu d’autre choix que de présenter ses excuses et se dire prêt à tendre la main aux vétérans froissés.
Mais cela n’a pas satisfait pour autant les anciens soldats qui en ont gros sur le coeur et refusent ses excuses.
«Les excuses ne veulent absolument rien dire. Le gouvernement, il va falloir qu’il change son attitude», a rétorqué Daniel Drapeau, un ancien militaire de Valcartier.
La veille, le ministre a fait patienter longtemps un groupe de vétérans venus des quatre coins du pays pour lui demander de maintenir ouverts des centres de services régionaux pour les anciens combattants. Devant la fin de non-recevoir du ministre, le ton de la rencontre a vite monté et M. Fantino a quitté précipitamment, laissant les anciens soldats dépités, très émotifs. Au moins un d’entre eux était en larmes.
Les vétérans ont alors demandé la démission de M. Fantino et ont appelé la population à voter contre les conservateurs aux prochaines élections, s’ils ne revenaient pas sur leur décision de fermer ces centres de service.
Devant la colère des ex-soldats et les appels à sa démission relayés par les partis d’opposition, M. Fantino s’est excusé mercredi dans un bref communiqué de presse.
«Hier, en raison de la prolongation d’une réunion du Cabinet, j’ai rencontré avec beaucoup de retard un groupe de vétérans qui étaient venus à Ottawa pour discuter de leurs préoccupations. Je tiens à leur présenter mes sincères excuses pour la manière dont cette situation a été traitée», a écrit M. Fantino.
Ces excuses n’ont pas ébranlé les anciens militaires qu’il avait fait patienter la veille.
«Ce que le ministre a fait hier était scandaleux. La seule chose que nous voulons est un engagement de garder ouvert les huit bureaux et de rouvrir celui de Prince George. Les vétérans ont mérité ce respect», ont écrit quelques vétérans présents la veille sur la colline parlementaire dans un communiqué conjoint.
Néo-démocrates et libéraux ont demandé le congédiement pur et simple du ministre. Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a rappelé que huit suicides dans les Forces canadiennes avaient été dénombrés en seulement deux mois et que le moment était bien mal choisi pour procéder à de telles coupes de service.
«M. Fantino démontre incompréhension, manque de coeur, manque de respect. Il méprise les gens qui viennent le voir pour avoir de l’aide, et il doit immédiatement être démis de ses fonctions. Si Stephen Harper croit un millième de ce qu’il doit croire à propos du courage de nos anciens combattants, il doit démettre Fantino de ses fonctions immédiatement et s’excuser auprès de nos anciens combattants», a-t-il noté.
Le chef libéral Justin Trudeau a lui aussi formellement demandé le départ de M. Fantino au premier ministre durant la période de questions. «Ceux qui ont servi leur pays et se sont mis en danger pour nous méritent notre respect, et ils méritent notre politesse», a-t-il insisté.
M. Harper a répliqué que son parti avait en réalité augmenté les services aux vétérans.
Manipulés
Au moment où le tollé ne s’apaisait pas à l’égard de M. Fantino, le conservateur Laurie Hawn a jeté de l’huile sur le feu en soutenant que les vétérans qui réclament la tête du ministre des Anciens combattants Julian Fantino étaient «manipulés» par les syndicats.
M. Hawn, le député qui avait remplacé la veille M. Fantino lors de la rencontre — avant que le ministre se présente finalement devant le groupe d’ex-soldats pour quelques minutes — a défendu sans réserve le ministre.
«Ayons une conversation rationnelle et calme, sans que les syndicats manipulent les choses pour leurs propres raisons», a tranché M. Hawn.
Le député conservateur albertain accuse l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) de manipuler les vétérans, des personnes «vulnérables», selon lui. À ses yeux, le public prendra le côté des vétérans plutôt que celui du gouvernement, peu importe comment ce dernier agit.
«Peu importe ce qu’on dit, le public — franchement à cause de vous (les médias), et les autres, et l’AFPC — vont croire sur parole les vétérans, peu importe ce qu’on dit», s’est-il plaint.
Les vétérans ont répliqué que leur campagne pour le maintien des bureaux avait été mise sur pied de leur propre initiative.
L’AFPC, le syndicats représentant les employés de ces centres de service, a toutefois été aux premières lignes dès le début pour s’opposer à la fermeture des bureaux de Kelowna en Colombie-Britannique, Saskatoon en Saskatchewan, Brandon au Manitoba, Thunder Bay en Ontario, Windsor en Ontario, Sydney en Nouvelle Écosse, Charlottetown à l’Île-du-Prince-Édouard et Corner Brook à Terre-Neuve. Un neuvième bureau, celui de Prince George en Colombie-Britannique, a déjà mis la clé sous la porte.
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