À la veille du premier voyage du premier ministre Stephen Harper en Israël, et alors que les Américains s’échinent à relancer le processus de paix israélo-palestinien, le Canada affiche à nouveau ses couleurs tranchées. En choisissant pour ambassadrice une femme reconnue pour son soutien inconditionnel à Israël et en refusant, encore une fois, de déplorer la reprise de la colonisation dans les territoires occupés.
Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, se défend ce matin, en entrevue à La Presse, d’avoir un parti pris contre les Palestiniens. Le Canada et l’Autorité palestinienne ont des «différences d’opinions raisonnables», mais le Canada croit toujours que la solution dans cette région passe par deux États vivant en paix, côte à côte.
«Nous soutenons fortement la solution à deux États. Nous voulons voir un État palestinien prospère et indépendant qui vit en paix, en sécurité et en prospérité avec son voisin juif», a-t-il dit.
Il s’est aussi dit optimiste face aux pourparlers de paix relancés en juillet par le secrétaire d’État américain John Kerry, qu’il a louangé. Et il a ajouté être persuadé que les deux parties négocient de bonne foi.
Ces propos détonnent avec ceux qu’il a tenus hier, au moment de présenter la nouvelle ambassadrice canadienne en Israël, Vivian Bercovici. Ils tranchent aussi avec les positions prises par cette dernière.
Mercredi, M. Baird a refusé d’ajouter sa voix à celles des Américains et de bien d’autres pays qui voient les nouveaux empiètements en territoires occupés comme un possible obstacle à la paix, en plus d’être contraires aux résolutions des Nations Unies.
Aux journalistes qui lui demandaient ce qu’il pensait des nouvelles constructions autorisées par le gouvernement Netanyahu, M. Baird a rétorqué : «I’m not going to join an international pile on». (Ce qui veut dire à peu près ceci: «Je ne me joindrai pas à d’autres pays pour casser du sucre sur le dos d’Israël.»)
Il a, à cet égard, trouvé une ambassadrice totalement au diapason de sa position. Et même plus. Avocate de profession, Mme Bercovici n’a aucune expérience diplomatique. Mais jusqu’à tout récemment, elle écrivait, en particulier dans le Toronto Star, où elle avait une chronique mensuelle.
Et elle l’a toujours fait avec une grande clarté. Pour prendre fait et cause pour Israël, et le gouvernement Netanyahu en particulier. Pour les Nations Unies et leur propension à blâmer Israël. Pour douter de la politique du président Barack Obama au Moyen-Orient. Pour mettre en doute la volonté de paix du président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas.
Sa nomination n’est qu’une confirmation de plus de l’appui indéfectible et, disons-le, aveugle du gouvernement Harper au gouvernement israélien. Le Canada a choisi son camp et il ne se lasse pas de le faire savoir, même si cela équivaut à se mettre encore plus hors jeu dans le ballet diplomatique en cours.
Dans ce contexte, ce n’était pas d’une diplomate dont il avait besoin, mais d’une porte-étendard. Il en a une qui a, en plus, la plume acérée. À suivre.
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