En 1913, Le sacre du printemps, la plus récente création du compositeur russe Igor Stravinski, faisait scandale à Paris. Ses rythmes percutants et ses harmonies avant-gardistes ont déplu au public, et le tout a presque viré à l’émeute.
Cent ans plus tard, le lancement du disque Quartetski Does Stravinsky, où l’ensemble Quartetski reprend à sa manière le Sacre, n’a pas provoqué d’émeute. Même si « ça aurait été cool ! » de l’avis de Pierre-Yves Martel, chef et arrangeur de ce groupe.
Quartetski se fait une spécialité de revisiter les œuvres de compositeurs classiques. Dans le passé, il s’est intéressé au travail d’Erik Satie, de John Cage et de Prokofiev. Mais Stravinski ? Pierre-Yves Martel n’aurait jamais osé, si un festival ne le lui avait pas demandé. « Je suis un fan de Stravinski, mais pendant six mois, je me suis demandé comment j’allais faire sonner ça. »
Si, dans sa mouture originale, le Sacre est joué par un orchestre symphonique, la version de Quartetski le réinvente pour cinq instruments : guitare électrique, batterie, violon, clarinette (ou saxophone) et viole de gambe. Martel, le gambiste de l’ensemble, manipule également divers objets et engins électroniques.
« Dans sa version pour orchestre, c’est un chef-d’œuvre, explique Martel. Partant de là, tu peux le jouer n’importe comment, ça va bien sonner. » L’adaptation n’a pas pour autant été de tout repos. « C’est une question de choix à faire. On ne pourra jamais avoir la masse de l’orchestre, alors il faut en garder et en laisser. » Il a gardé les mélodies et quelques notes en accompagnement, pour faire sentir l’harmonie. « On ajoute le grain des instruments, la batterie, un peu d’électro : tout ça crée de la masse et diversifie la palette sonore. »
Le résultat est un mélange de jazz moderne, de musique actuelle, d’improvisation et d’un peu de rock. Ce qui ressort de cette entreprise, c’est l’importance de la mélodie dans le Sacre et l’étrange simplicité qui en découle, alors que l’œuvre est réputée, avec raison, très complexe. Pierre-Yves Martel explique : « Contrairement à d’autres compositeurs de la même époque, Stravinski est allé à la source. Il travaillait avec des mélodies folkloriques, simples, mais il traitait le tout de façon très moderne. C’est l’empilade de ces mélodies qui crée la complexité. »
Le sacre du printemps fait-il ses 100 ans ? « Pas du tout », répond Martel. Et encore moins dans la version de Quartetski, pourrait-on ajouter.
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