Charles Lapointe, l’ancien PDG de Tourisme Montréal, s’en est mis plein les poches pendant de nombreuses années, et ce, à l’insu du conseil d’administration de l’organisme et de son principal bailleur de fonds, le ministère du Tourisme du Québec.
Il y a là un dérapage inacceptable et une véritable dilapidation des fonds publics. Et il y a peut-être aussi une fraude fiscale flagrante, car il n’est évidemment pas d’usage de se faire rembourser des dons de charité et se prévaloir de leurs crédits d’impôt.
Comment peut-on en arriver à un tel gâchis ? Plusieurs éléments expliquent que de tels agissements ont pu être perpétrés à l’abri de tous les regards.
Tout commence par le statut un peu nébuleux de Tourisme Montréal. L’organisme ne se considère pas comme une ATR (Association touristique régionale) comme les autres, mais plutôt comme une société privée à but non lucratif financée à même les contributions des hôteliers et d’autres composantes de l’industrie touristique montréalaise.
C’est en partie vrai, car l’origine de l’institution remonte à 1919 et elle a toujours été au service des agents touristiques de la métropole.
Comme les ATR, l’organisme est autonome dans ses actions au plan de sa gestion et de son développement. Cela est écrit noir sur blanc sur le site du ministère du Tourisme.
Seulement voilà, on ne peut pas prétendre que Tourisme Montréal se finance à même les hôteliers et que l’organisme ne relève pas du domaine public. La taxe sur l’hébergement imposée aux touristes est une vraie taxe, administrée par le ministère du Revenu, et dont le produit est remis au ministère du Tourisme, qui le transfère ensuite à Tourisme Montréal.
Il s’agit là d’argent public, qui doit être dépensé à bon escient et dans le respect de règles éthiques bétonnées. Ce n’est pas un chèque en blanc pour dépenser sans compter.
L’autre problème concerne la gouvernance de l’organisme. Selon les informations que j’ai obtenues, le conseil d’administration n’a jamais été appelé à se prononcer sur les conditions d’emploi et de rémunération du PDG.
Toujours selon mes informations, ni le président du conseil d’administration ni un comité du conseil n’avaient à approuver les allocations de dépenses de M. Lapointe. Cela est évidemment inacceptable. Un PDG doit être imputable : c’est la règle de base de la gouvernance.
Le ministère du Tourisme engage des fonds dans la promotion touristique, et cela reste une bonne idée de les remettre aux acteurs locaux ou régionaux. Le gouvernement devrait quand même être capable de savoir au juste comment cet argent est dépensé sans avoir besoin d’y dépêcher le vérificateur général.
Ce qui me désole le plus dans cette histoire, ce sont les cachoteries. Tourisme Montréal tient à son indépendance, mais a tout fait pour que le gouvernement l’entrave… et pour de bon.
Le principal problème aura été celui de la transparence. Il se peut en effet que le niveau de salaire du PDG de Tourisme Montréal doive être plus élevé que celui d’un sous-ministre, et qu’il faille plutôt le comparer à celui de ses homologues des autres grandes villes nord-américaines.
Il se peut aussi que la fonction de représentation à l’étranger requière une grosse allocation de dépenses. On ne fait pas la promotion d’une ville en invitant chez McDonald’s les voyagistes, les patrons des lignes aériennes ou les représentants des associations qui veulent organiser des congrès internationaux.
Tourisme Montréal est cependant en plein déni. Déni face à l’autorité du vérificateur général, déni face à ses problèmes de gouvernance, déni face au manque flagrant de transparence. Les enquêteurs du vérificateur général ont été pendant 14 semaines dans ses bureaux et l’actuel PDG connaît depuis deux mois les principales observations et recommandations du rapport.
Pourtant, Tourisme Montréal semblait hier avoir été pris de court et n’affichait aucune contrition. C’est ce qui est peut-être le plus lamentable.
Cet article Derrière le scandale de Tourisme Montréal est apparu en premier sur L'actualité.
Consultez la source sur Lactualite.com: Derrière le scandale de Tourisme Montréal