Le ministre des Finances et de l’Économie abdique: le déficit sera de 2,5 milliards de dollars pour l’exercice 2013-2014 et de 1,750 millions l’année prochaine. Le retour à l’équilibre budgétaire se fera seulement en 2015-2016, et ce, grâce à quelques entourloupettes.
Pourquoi ce déficit?
Essentiellement parce que la croissance économique n’a pas été aussi soutenue que prévu et que les recettes budgétaires sont conséquemment en deçà des prévisions. Un peu plus et le ministre nous rendait responsable de ses malheurs parce que nous ne paierons pas assez d’impôts (écart négatif de 885 millions) cette année et que les entreprises ne feront pas mieux (741 millions de moins).
Les mesures du gouvernement fédéral pour resserrer le financement hypothécaire ont aussi embêté le ministre qui les rend responsables du repli de la construction domiciliaire. Par contre, le ministre n’a pas insisté sur la hausse des paiements de péréquation.
Nicolas Marceau dit aussi que la faible inflation lui a joué des tours. C’est quand même étrange que le ministre des Finances et de l’Économie se plaigne en quelque sorte de la faible croissance des prix à la consommation et de la hausse du taux d’épargne, deux phénomènes qui se traduiront par un manque à gagner de 576 millions de dollars pour la TVQ.
Voilà donc le drame: les revenus autonomes du gouvernement n’augmenteront que de 3,3% cette année, alors qu’on s’attendait à une hausse de 5 %. Cet écart expliquerait à lui seul, ou à peu près, le déficit budgétaire de l’exercice en cours.
Le mythe du déficit zéro
Depuis 2008-2009, le Québec accumule des déficits et il en sera ainsi au moins jusqu’en 2015-2016. Nous aurons au moins sept années consécutives de déficit, malgré une loi sur l’équilibre budgétaire qui les interdit.
Selon cette loi, le gouvernement devrait imputer au budget de l’an prochain une partie de son déficit de cette année. Cela rendrait évidemment plus difficile l’atteinte de sa nouvelle cible budgétaire. Nicolas Marceau a donc jugé que cette loi n’avait pas été conçue pour une période de faible croissance économique comme c’est le cas actuellement et qu’il fallait l’amender. Conséquemment, le gouvernement ne commencera pas à rembourser les déficits de cette année et de l’an prochain avant 2016-2017. Voilà un amendement législatif qui ne passera pas comme une lettre à la poste à l’Assemblée nationale.
Depuis le retour aux déficits budgétaires, la dette brute du Québec est passée de 149 milliards à 198,6 milliards de dollars. L’endettement du Québec correspond à 54,4% de son PIB, un sommet au Canada.
Les deux paris de Nicolas Marceau
Le gouvernement compte sur la croissance économique et le contrôle des finances publiques pour résorber le déficit. J’y vois deux problèmes: la croissance économique et le contrôle des finances publiques!
Nous ne sommes plus à l’époque où les gouvernements pouvaient compter sur une forte croissance économique pour remplir leurs coffres quasi automatiquement. Ce temps est révolu et les prévisions de croissance pour les années à venir sont modestes.
Pour tenter de dynamiser l’économie, le gouvernement consacrera 2 milliards de dépenses supplémentaires au cours des trois prochaines années. Le tout devrait créer 43 000 emplois supplémentaires, soit environ 14 000 par année. C’est beaucoup d’argent compte tenu des finances publiques du Québec et je reste sceptique sur l’utilité de telles mesures. La situation économique du Québec dépendra d’abord de la conjoncture mondiale et nord-américaine et de la compétitivité de notre économie, pas du nombre de programmes concoctés en haut lieu et des subventions accordées.
On peut aussi s’inquiéter des retombées négatives des politiques minières et énergétiques du gouvernement.
Par ailleurs, Nicolas Marceau vante le contrôle serré des dépenses publiques, l’autre pilier du plan gouvernemental. Les dépenses consolidées du gouvernement ont crû de 2,5% en 2012-2013, mais de 3,3% cette année. Je ne vois pas où est l’amélioration, encore moins l’exploit.
Le retour aux déficits structurels?
Le gouvernement se veut le champion de la gestion serrée des dépenses et il fonde son scénario de retour à l’équilibre budgétaire sur une croissance des dépenses limitée à 2,1% en 2014 et en 2015. Je veux le voir pour le croire.
Ce scénario repose aussi sur une croissance des dépenses en santé et en éducation de 1,1% en 2014 et de 1,4% en 2015. Est-ce raisonnable compte tenu de l’inflation, des besoins croissants, des conventions collectives, du vieillissement de la population et d’une hausse des droits de scolarité universitaires limitée à l’inflation?
Comment éviter les déficits et alléger le poids de la dette alors que la croissance économique tend à être plus faible et la population plus âgée?
Nicolas Marceau nous propose un plan où la seule croissance économique et un contrôle des dépenses nous mèneront tranquillement au déficit zéro. Cela ne marche pas aujourd’hui et je me demande pourquoi ce plan pourrait fonctionner demain compte tenu de l’ampleur des missions gouvernementales et de la taille du secteur public.
Le ministre des Finances et de l’Économie ne veut pas augmenter les taxes et impôts pour ne pas accabler les Québécois et plomber davantage l’économie. Il reconnaît même que l’augmentation de la TVQ par le précédent gouvernement n’a pas produit les résultats escomptés. Voilà une bonne nouvelle, mais le ministre élude néanmoins les choix déchirants qu’il faudra bien faire un jour.
Peut-on faire l’économie d’une grande remise à niveau des services et programmes gouvernementaux pour maintenir l’accessibilité et la qualité de ceux qui nous sont essentiels et trouver d’autres façons de faire pour ceux qui le sont moins?
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