Après 60 ans de crises et d’épisodes de forte tension, est-il encore possible de rétablir la confiance sur la péninsule coréenne et de bâtir une paix durable ?
Le 17 décembre 2012, Park Geun-Hye fut élue à la tête de la Corée du Sud après s’être engagée à améliorer les relations avec la Corée du Nord. Après cinq ans de haute tension sous la gouverne du conservateur Lee Myung-Bak, la première femme dirigeante en Asie du Nord-Est suscitait ainsi les espoirs d’une bonne partie de l’électorat sud-coréen. Obtiendra-t-elle les succès escomptés? Rien n’est moins sûr.
Park est arrivée au pouvoir en promettant de mettre en œuvre une doctrine de « trustpolitik », une sorte de voie mitoyenne empruntant aux progressistes l’ouverture au dialogue, tout en mettant fermement de l’avant la sécurité nationale, comme l’avait fait son prédécesseur.
L’occasion était donc belle pour le régime du jeune leader Kim Jong-Un de profiter de la transition politique à Séoul pour repartir sur de nouvelles bases avec une dirigeante plus disposée à faire affaire avec lui.
Toutefois, le lancement de fusée effectué par Pyongyang en décembre 2012 ainsi que son troisième essai nucléaire deux mois plus tard furent à l’origine d’une crise d’une ampleur rarement vue depuis la division de la péninsule, en 1948.
Depuis quelques mois, la tension a cependant baissé, et Séoul et Pyongyang ont repris le dialogue. Au mois d’août, les deux Corée ont signé un accord sur la réouverture du parc industriel de Kaesong, dernier vestige de la coopération intercoréenne, que Pyongyang avait fermé unilatéralement au plus fort de la crise.
Kim Jong-Un a également exprimé la volonté de reprendre les pourparlers à six (Corée du Nord, Corée du Sud, Chine, États-Unis, Japon et Russie) sur le nucléaire, qui sont suspendus depuis 2009.
Si, en surface, la péninsule coréenne s’est stabilisée, la méfiance demeure élevée de part et d’autre, comme en font foi les récentes déclarations critiques proférées des deux côtés du 38e parallèle. De plus, les ambitions nucléaires de la Corée du Nord représentent un obstacle majeur au succès de la « trustpolitik ».
Tout en se disant prêt à reprendre les négociations, le régime nord-coréen refuse jusqu’ici de poser des gestes concrets en faveur de la dénucléarisation, ce qui est la condition imposée par Washington pour une reprise du dialogue.
Comme Pyongyang semble avoir récemment redémarré l’un de ses réacteurs nucléaires, on peut comprendre l’administration Obama d’hésiter à reprendre les pourparlers. Sans négociation, le programme nucléaire avance donc sans obstacle, et la « trustpolitik » est à long terme vouée à l’échec.
La « trustpolitik » de la Park Geun-Hye semble pour l’instant continuer à jouir de l’appui de la population. Toutefois, sans avancée réelle, cela ne saurait durer.
En outre, avec une population de plus en plus tiède à l’idée de la réunification, il y a lieu de se demander si cela pourrait à l’avenir avantager les conservateurs, avec des conséquences négatives sur les relations intercoréennes. Le défi est plus qu’imposant pour la présidente sud-coréenne.
Chercheur associé, Observatoire de géopolitique
Chaire @RDandurand @UQAM
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