À moins d’une semaine des élections, les candidats à la mairie de Montréal ont laissé les formules de politesse de côté.
Denis Coderre a insisté sur la monomanie de Richard Bergeron pour les transports collectifs. Richard Bergeron a mis en doute l’intégrité de Denis Coderre. Mélanie Joly a déploré le manque de vision de Marcel Côté. Et Marcel Côté s’est moqué du manque d’expérience de Mélanie Joly.
Le premier des trois face-à-face organisé par le réseau LCN a donné lieu à de sérieuses prises de bec de la part des candidats. Jusqu’ici, ils avaient pourtant tenté de se hisser au-dessus de la mêlée, en évitant autant que possible les attaques personnelles. Il n’y a plus de place pour les bonnes manières dans le dernier droit de la campagne.
Marcel Côté a rendu un grand service à ses deux adversaires. Il a ramené une candidate portée par l’espoir d’un sondage à la dure réalité. Mélanie Joly a peu d’expérience, et sa compréhension des enjeux montréalais se limite parfois à des formules simplistes. La candidate compense son manque d’expérience par une confiance démesurée en ses propres moyens. Ses comparaisons boiteuses avec Robert Bourassa, Jean Drapeau et Steve Jobs n’ont rien fait pour la présenter sous un jour humble.
M. Côté a très bien fait dans ce duel. Il connaît mieux la gestion que son adversaire du moment, et il s’est permis de lui faire la leçon à quelques reprises, en autres en lui expliquant l’abc de la tarification des services à Toronto, une ville dont Mme Joly citait la fiscalité en exemple, sans fournir guère d’explications.
Le chef de la Coalition Montréal a même flirté avec le mépris, en banalisant l’expérience en gestion de Mme Joly. «Vous n’avez jamais rien géré de votre vie. Votre firme, c’était 14 employés», a-t-il lancé.
Dans l’autre face-à-face, il y a des moments où Richard Bergeron a dû batailler contre un adversaire invisible: l’automobiliste frustré.
L’animateur Pierre Bruneau s’est fait le porte-voix des automobilistes pris dans la congestion routière, comme si leur droit à la liberté de circuler était brimé par le programme de Projet Montréal.
Denis Coderre a saisi l’occasion pour traiter Richard Bergeron de «dogmatique» avec sa promesse de doter Montréal d’un tramway en quatre ans. «Tout le monde le sait que vous êtes un antivoiture», a-t-il lancé.
Il est vrai que le chantier du métro a été bouclé en quatre ans dans les années 70. La Ville de Strasbourg, en France, a mis cinq ans entre le lancement de son projet de tramway et l’inauguration de la première ligne, en 1994. À Montréal, où les grands travaux tournent au ralenti en raison du climat ambiant de corruption et de collusion — promettre le tramway en quatre ans comme l’a fait M. Bergeron — est un peu optimiste.
M. Bergeron n’était pas tellement intéressé à discuter de transport lundi soir. Il a pris pour cible l’intégrité de Denis Coderre. Il a recruté 24 élus d’Union Montréal, le parti «de la honte» selon Richard Bergeron. Alors qu’il était député libéral de Bourassa, il a bénéficié de 46 000 $ en dons de contributeurs ciblés par l’UPAC ou vus au quartier général de la mafia.
M. Coderre a assuré qu’il n’a rien à se reprocher. Il a comparé Richard Bergeron à «un technicien», alors que la métropole a besoin d’un leader qui connaît «la “game” politique».
Les quatre candidats s’affronteront encore ce soir et demain à LCN. Les hostilités sont lancées. Ils ne se feront pas de cadeaux.
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