La démission du candidat Robert Zambito dans Saint-Léonard en dit plus long sur la précipitation de Denis Coderre que sur son manque d’intégrité.
M. Coderre était impatient de se lancer dans la course à la mairie de Montréal. Il a fait durer le suspense aussi longtemps qu’il le pouvait, en étirant son séjour dans les banquettes de l’opposition à Ottawa.
Ses ambitions étaient un secret de Polichinelle à l’hôtel de ville. Pendant qu’il entretenait un doute artificiel sur ses intentions, pendant des mois, je pensais qu’il élaborait sa stratégie pour la conquête de Montréal. Sans doute était-il plus occupé à gazouiller les résultats des matchs du Canadien.
M. Coderre n’avait pas de véritable programme ? Ses amis de National, dont Pierre Bélanger, allaient l’aider à en confectionner un. Il n’avait pas de parti ? Ça tombait bien. Les naufragés d’Union Montréal attendaient un sauveur providentiel qui allait donner un deuxième souffle à leur carrière après la chute de Gérald Tremblay.
Vite fait, bien fait, l’ex-député libéral a pu projeter l’image d’un chef bien entouré. Il a réalisé quelques bonnes prises chez Vision Montréal: Anie Samson dans Villeray — Saint-Michel — Parc-Extension, Chantal Rouleau dans Rivière-des-Prairies — Pointe-aux-Trembles.
Par contre, il n’a pas vraiment pris le temps de vérifier la probité des ex-membres d’Union Montréal. S’il l’avait fait, il aurait peut-être laissé de côté Robert Zambito… et quelques autres candidats avariés.
Le conseiller de Saint-Léonard est visé par une enquête policière pour des allégations de pots-de-vin, selon Radio-Canada. Si les faits sont exacts, il aurait proposé de l’argent à deux reprises à Bernard Blanchet, un conseiller dans Lachine. Il aurait sollicité son aide pour l’aider à baisser la valeur d’un terrain contaminé de la Ville convoité par un promoteur.
M. Blanchet est aujourd’hui candidat de la coalition de Marcel Côté dans Lachine. Il aurait dénoncé son collègue Zambito en 2010, alors qu’ils faisaient tous les deux partie d’Union Montréal. M. Tremblay lui aurait conseillé de porter plainte à la police, ce qu’il aurait fait.
M. Blanchet était le président du caucus des élus d’Union Montréal. Ni lui ni M. Tremblay n’ont exigé l’expulsion de Robert Zambito. Ainsi allait la vie à l’hôtel ville à la belle époque d’Union Montréal. L’union des troupes l’emportait sur la recherche d’intégrité.
L’histoire des pots-de-vin n’a pas fait de bruit jusqu’à six jours des élections. M. Zambito a nié les faits, mais sa candidature est vite devenue toxique pour Denis Coderre.
M. Coderre s’est vanté d’avoir passé chacun de ses candidats à travers «le filtre Coderre». Il a certainement dû dénicher le filtre en question en solde, dans magasin à un dollar de son arrondissement.
C’est «tolérance zéro» en matière de dérives éthiques, a-t-il commenté mardi soir, fier d’avoir expulsé Robert Zambito. Ses adversaires l’ont aussitôt attaqué sur les problèmes d’intégrité de sa formation artificielle.
Quelle impression de déjà-vu.
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