Un petit mensonge de rien du tout, lorsqu’il tombe dans les mauvaises oreilles, peut facilement détruire une vie. Voilà le constat que pose le scénariste et réalisateur danois Thomas Vinterberg avec La Chasse (Jagten en version originale).
En collaboration avec Tobias Lingholm, qui a entre autres signé les textes de plusieurs épisodes de la série suédoise Borgen, Vintenberg réalise ici un petit bijou de film, dont on sort assez sonné merci.
Fraîchement divorcé, luttant pour obtenir la garde de son fils adolescent, Lucas travaille dans une garderie en attendant de trouver un poste d’enseignant dans une école secondaire. Les enfants l’adorent, en particulier Klara, la fille du meilleur ami de Lucas.
Un jour, contrariée par une remarque de Lucas à son endroit, Klara raconte un petit mensonge à la directrice de la garderie. Et comme chacun sait : la vérité sort de la bouche des enfants… Il ne suffit que de quelques jours pour que Lucas perde son travail et devienne persona non grata dans sa petite municipalité de la campagne danoise. Dès lors, il s’emploiera à rétablir la vérité, car non seulement sa vie professionnelle est en jeu, mais il risque aussi de perdre tous ses espoirs d’obtenir la garde de son fils.
La Chasse est d’une redoutable efficacité. On comprend bien vite que Lucas n’a pas la moindre chance de s’en sortir, une fois que tout le quartier plonge dans la spirale du mensonge. Ostracisé, détesté, agressé verbalement et physiquement, rien de ce qu’il peut dire pour sa défense ne convainc le voisinage de son innocence. Seule Nadja, sa blonde immigrante, lui accorde le bénéfice du doute. Dans un pays aux prises avec une extrême-droite xénophobe de plus en plus féroce, le clin d’œil est intéressant.
Si le scénario est solide et finement ciselé, la performance de Mads Mikkelsen, qui incarne Lucas, est sans faille. Taciturne, maladroit dans ses tentatives de défense, le personnage pourrait tout à fait être coupable.
Cet acteur remarquable, qui incarne aussi le terrible Hannibal Lecter, dans la télésérie américaine Hannibal (aux côté de la Québécoise Caroline Dhavernas) a d’ailleurs vu son interprétation récompensée à plusieurs reprises.
Vinterberg, le réalisateur, fait passer les adultes pour de véritables imbéciles et écorche sans demi-mesure les services sociaux qui sont impliqués dans le dossier de Lucas. Mauvaise foi, entrevues dirigées, réponses soufflées, les travailleurs sociaux n’apprécieront probablement pas La Chasse…
Mais cette production danoise de grande qualité demeure un incontournable.
Cet article La Chasse: petit mensonge deviendra grand est apparu en premier sur L'actualité.
Consultez la source sur Lactualite.com: La Chasse petit mensonge deviendra grand