La prochaine fois que vous croiserez un aspirant maire ou conseiller municipal, demandez-lui comment il compte amener concrètement votre ville sur la voie du développement durable.
La question n’a rien d’anodin. Depuis le Sommet de la Terre à Rio en 1992, on sait que les administrations municipales ont un rôle majeur à jouer pour l’aménagement durable du territoire, et on sait même comment elles doivent s’y prendre pour se montrer réellement efficaces.
Elles sont aussi en première ligne pour s’attaquer aux changements climatiques, comme vous pourrez le lire dans ce dossier de Scientific American.
Et pourtant, seule une minorité de villes au Québec ont des stratégies de développement durable dignes de ce nom. Nos maires sont des cancres de ce point de vue !
En 2012, le ministère des affaires municipales a réalisé un sondage auprès des organisations municipales et régionales pour déterminer leur implication. Pour les aider à progresser, il a créé un site web sur les municipalités durables.
Selon ce sondage, seules 38% des municipalités locales, municipalités régionales de comté (MRC), conférences régionales des élus (CRÉ) et communautés métropolitaines ont affirmé être impliquées dans une démarche de développement durable.
Dans plusieurs cas, cependant, il est fort difficile de savoir ce qu’elles font exactement. Le suivi et la reddition de comptes sont pourtant des éléments essentiels du processus!
Seuls 24% des villes évaluent l’état d’avancement de leur plan par un comité de suivi incluant des partenaires externes ou des citoyens.
29% ne font aucune reddition de comptes, 35% la font seulement sous forme orale. Pas très sérieux !
Les villes sont aussi peu impliquées dans les grands enjeux : seules 28% d’entre elles traitent des changements climatiques dans leur plan d’action!
Globalement, plus les villes sont petites, moins elles ont tendance à s’impliquer, ce qu’elles justifient par le manque de moyens.
Pourtant, plusieurs petites villes sont depuis longtemps reconnues pour leur bonne gestion du développement durable. La preuve que la question des moyens n’est souvent qu’un prétexte pour l’immobilisme!
Voyez par exemple ce que font Salaberry-de-Valleyfield, Sorel-Tracy ou la MRC de la Côte de Beaupré.
À l’inverse, les grandes villes ne sont pas forcément les plus performantes.
La ville de Québec, par exemple, a beau informer ses citoyens sur ce qu’elle fait en environnement, elle ne s’est dotée d’aucun objectif clair ou indicateur de suivi pour la plupart de ses démarches.
Son plan de mobilité durable, considéré comme progressiste (mais récemment remis en question par le maire sortant Régis Labeaume), ne prévoit par exemple pas d’indicateur de suivi qui permettrait de se faire une idée de l’avancement des progrès.
Montréal, quant à elle, est considérée comme une ville précurseur en matière de développement durable. Voyez ainsi son Plan de développement durable 2010-2015, un modèle du genre.
Mais la métropole semble de moins en moins proactive pour encourager ces bons comportements, tout du moins sur la scène internationale.
Même si elle est toujours membre de l’organisation internationale ICLEI (local governments for sustainability), qui regroupe environ un millier de villes à travers le monde qui se soucient de développement durable, elle n’est pas signataire de la Déclaration des maires et des dirigeants territoriaux sur le changement climatique signée fin septembre à Nantes, en France, qui vise à donner un rôle plus important aux villes dans les négociations climatiques.
Elle n’est pas non plus membre du groupe C40 Cities Climate Leadership Group formé de 63 maires de grandes villes qui agissent contre les changements climatiques et sont à l’avant-garde en matière d’adaptation.
Toronto et Vancouver figurent dans ce regroupement actuellement dirigé par le maire de New-York Michael Bloomberg, aux côtés de Londres, Paris, Berlin, Philadelphie, Yokohama ou Salt Lake City.
Pourquoi pas Montréal?
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