Les Prix Nobel décernés cette semaine récompensent, selon les voeux d’Alfred Nobel, des personnes «ayant apporté les plus grands bénéfices à l’humanité».
Mais il arrive que certains lauréats s’en servent par la suite pour défendre des idées parfaitement farfelues, faisant fi de la rigueur scientifique pour laquelle ils ont été reconnus et se contentant au mieux d’expériences baclées, au pire de déclarations fracasssantes sur des sujets sur lesquels ils n’ont aucune expertise.
La «maladie des Nobel», comme l’ont baptisée les Clubs de sceptiques, a frappé à plusieurs reprises depuis le premier Prix décerné en 1901. En voici quelques exemples.
Pauling et la vitamine C
Le cas le plus célèbre est celui de l’Américain Linus Pauling, qui reçut le Prix Nobel de chimie en 1954 pour ses travaux sur les liaisons chimiques, puis le prix Nobel de la paix en 1962 pour sa campagne de protestation contre les essais nucléaires.
Dans les années 1970, ce chercheur de génie s’est lancé dans toutes sortes d’études très controversées sur les bienfaits des mégadoses de vitamines et la médecine «orthomoléculaire», sensée rétablir l’équilibre du corps à coup de suppléments nutritionnels.
Persuadé que la vitamine C prise à doses très élevées pourrait prévenir le rhume mais aussi guérir le cancer, il a réalisé plusieurs études considérées par la communauté scientifique comme baclées, et publié rapidement un livre pour populariser l’idée.
D’autres recherches réalisées quelques années plus tard ont clairement démontré que Pauling était dans l’erreur.
Mais la notoriété du double Nobel a fait en sorte qu’aujourd’hui encore, d’innombrables personnes achètent des comprimés de vitamine C pour prévenir le rhume même si on sait que cela ne sert strictement à rien. Et plusieurs charlatans en font la promotion.
Tinkerberg et l’autisme
Nikolaase Tinkerberg, éthologue hollandais qui partagea le prix Nobel de médecine avec Konrad Lorenz en 1973, fit dès son discours de réception du Nobel allusion à une théorie qu’il pensait avoir découvert au sujet des enfants autistes, même s’il n’avait pas étudié rigoureusement ce sujet.
Il prôna la pratique de la «holding therapy» dans laquels les parents d’enfants autistes devaient maintenir dans leurs bras aussi longtemps que possible leur enfant autiste pour tenter de forcer un contact visuel.
Cette pratique popularisée par le prix Nobel, qui n’avait aucun fondement scientifique, est aujourd’hui considérée comme inefficace et dangereuse, et elle constitue une forme de maltraitance.
Mullis et les changements climatiques, les ratons laveurs fluorescents et la conspiration du sida
L’Américain Kary Mullis, prix Nobel de chimie en 1993 pour sa découverte de la réaction de polymérisation en chaine, serait atteint dit-on d’une forme «aigue» de la maladie des Nobel, qui pourrait être attribuée à sa consommation de LSD. Celui qui a déjà affirmé qu’il avait observé un raton-laveur fluorescent croit en l’astrologie, mais nie l’existence du sida et des changements climatiques !
Montagnier et la mémoire de l’eau
Le Français Luc Montagnier, codécouvreur du VIH et prix Nobel de médecine 2008, a fait parler de lui quand il a avancé que les guérisons miraculeuses attribuées à l’eau de Lourdes pouvaient venir de la «mémoire de l’eau».
Cette théorie largement décriée par la communauté scientifique avait valu à Jacques Benveniste, un ancien collègue de Luc Montagnier et collaborateur de la compagnie de produits homéopathiques Boiron, son expulsion de l’INSERM.
Le docteur Montagnier tente aujourd’hui de la relancer, même si personne n’a jamais réussi à reproduire les expériences de Benveniste (voir cet article dans Nature).
Tant mieux pour lui s’il y parvient. Mais en attendant, il ferait mieux de garder ses idées pour lui plutôt que d’en faire la promotion en s’appuyant sur le prestige du Nobel.
Cet article La maladie des Nobel est apparu en premier sur L'actualité.
Consultez la source sur Lactualite.com: La maladie des Nobel