Elle déboule avec ses 23 ans déflagrants, ses cheveux en toque et un nom pas possible : Klô Pelgag (Chloé Pelletier-Gagnon en vérité). On l’a échappé belle : « J’aurais pu m’appeler Avion Tournevis. » Sur son premier album (lancé le 24 sept. en versions vinyle et CD), L’alchimie des monstres, l’auteure-compositrice-interprète, pianiste et guitariste, impose des gâteries oniriques vêtues de musiques qui se fichent des étiquettes. D’une voix ondoyante, elle chante la taxidermie, la chimiothérapie, le Nicaragua, les mariages d’oiseaux ! Sur la pochette, Klô remercie les « artistes qui [lui] ont donné le goût de vivre » : Klaus Nomi, Gentle Giant, Botero, Ionesco, Jean-Claude Lauzon, Claude Gauvreau, d’autres encore. Beau brin de panthéon. Mais pour féconder son imaginaire, elle compte sur le fleuve Saint-Laurent.
Née à Sainte-Anne-des-Monts, en Gaspésie, Pelgag a fixé son laboratoire de création à Rivière-Ouelle, le berceau de sa famille. « Le piano accoté à la fenêtre offre un regard plongeant jusque dans le creux de la petite baie où les histoires s’inventent. » Des histoires aux lignes surréalistes : « J’ai croqué ta pomme, ta pomme d’Adam / Et depuis je n’ai jamais eu faim de corridors / Autres que ton corps / Ton corps est ceint de fleurons glorieux… » (« Comme des rames »). Avec pareille poésie, elle ne part pas à la pêche aux tubes, mais façonne un théâtre d’images qui trouve son épanouissement sur scène, où elle convoque, en guise de décor, la moitié de son appartement : mannequins avec des ailes d’ange, voiture téléguidée, chaussures de ski, raquette de tennis. Elle soigne particulièrement son entrée, réinventée à chaque prestation : tantôt elle fuse sur des patins à roues alignées, tantôt elle cuisine des gâteaux « pour parfumer la salle ». Elle improvise entre les chansons, exécute des tours de magie avec ses musiciens (ils sont six : un luxe !), quand elle ne s’adonne pas à la télépathie.
Plus jeune, elle voulait devenir travailleuse sociale (comme ses parents) ou « brigadière scolaire ». La lecture de L’écume des jours, de Vian, en a décidé autrement : un nénuphar poussant dans un poumon a débridé sa créativité. « Les gens qui vont aimer mes morceaux sont ceux qui n’attendent pas d’être rassurés par la formule couplet/refrain. »
Le talent est un agrégat de choses vues, lues, entendues. Alors, elle emmagasine : ces temps-ci, elle relit Beauté baroque, de Gauvreau ; note des idées pour un texte sur un pompier pyromane ; écoute la compilation de pièces classiques que lui a préparée son frère Mathieu, qui cosigne avec sa cadette les arrangements du disque.
À son agenda, la chanteuse affiche déjà beaucoup de dates de spectacles, dont quelques-unes en France. Elle ira encore plus loin. On parie ?
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