Les attaques de Jacques Duchesneau contre l’ancien chef péquiste André Boisclair montrent la politique sous ses traits les plus laids. En mélangeant, cocaïne, André Boisclair, Hells Angels et Paul Sauvé dans une même phrase, le député caquiste s’est laissé emporté par la partisanerie au point de négliger les faits. Aurait-il pris des leçons à l’école du mauvais goût de Christine Saint-Pierre?
La controverse part du témoignage rendu par Paul Sauvé à la commission Charbonneau, dont l’essentiel reste frappé d’une ordonnance de non publication. Les quelques bribes rendues publiques révèlent une trame factuelle fort simple.
M. Sauvé est un ami d’André Boisclair qu’il a connu au Collège Jean-de-Brébeuf. Il a même collecté des fonds pour M. Boisclair. Nulle part dans son témoignage n’a-t-il parlé des habitudes de consommation de cocaïne d’André Boisclair. C’eut été trop beau pour un ancien chef de police qui voit des complots où il n’y en a pas.
M. Sauvé est aussi un entrepreneur en maçonnerie qui a mené à la ruine une entreprise familiale de troisième génération, L.M. Sauvé. L’un de ses derniers chantiers d’envergure fut celui de l’Église Saint-James. Le majestueux bâtiment de la rue Sainte-Catherine était caché derrière une rangée d’immeubles commerciaux de faible intérêt. Sauvé a tout démoli, et il a restauré l’église pour lui redonner la place qui lui revient dans le patrimoine montréalais.
Dans le cadre de ce projet qui s’est échelonné sur plusieurs années, à cheval entre le règne péquiste et libéral, la compagnie exsangue a fait appel à de bien mauvais partenaires pour redresser sa situation. Paul Sauvé a accepté dans son giron Normand Marvin Ouimet, un présumé membre des Hells Angels qui aurait graduellement pris le contrôle de la compagnie à partir de 2003.
Ouimet est en attente d’un procès pour gangstérisme, extorsion et blanchiment d’argent dans cette affaire. C’est pour éviter de nuire à son procès que la commission Charbonneau a siégé derrière des portes closes pendant une semaine. Il n’y a rien dans le témoignage de Sauvé pour permettre de conclure qu’André Boisclair était au courant de la présence des Hells Angels dans le giron de L.M. Sauvé.
Reste donc une histoire de subvention promise à un ami.
À quatre jours des élections d’avril 2003, M. Boisclair a confirmé l’octroi d’une subvention de 2,6 millions à l’Église unie du Canada. Ce jour là, le ministre des Affaires municipales a signé d’autres promesses de subvention, sans que les crédits budgétaires n’aient été autorisés.
La pratique peut surprendre, mais elle n’a rien d’illégale. Tous les vieux partis qui se disputent le pouvoir succombent à la tentation des promesses électoralistes. Lors de la dernière campagne, le PLQ avait annoncé des investissements non budgétés de cinq milliards dans les infrastructures, selon un rapport Secor-KPMG brandi de manière revancharde par le PQ. Tout récemment, les ténors du gouvernement Marois ont annoncé le prolongement du métro sur la ligne bleue, sans trajet, sans budget, sans échéancier. De l’électoralisme pur jus.
Pour en revenir à l’Église Saint-James, la fameuse promesse de subvention ne passait pas auprès du nouveau ministre des Affaires municipales, Jean-Marc Fournier. Il disposait d’une enveloppe de 300 000 $ pour toutes les églises de la région montréalaise. M. Sauvé, abattu, a décidé de se rapprocher du PLQ en participant à des activités de financement du ministre Fournier. Il a fait un lien entre sa générosité envers le parti et le déblocage des fonds après quelques mois de délai. Va-t-on maintenant accuser M. Fournier d’avoir subventionné les Hells Angels?
André Boisclair a beaucoup à perdre dans cette histoire. Sa réputation est en jeu. Le délégué général du Québec à New York a envoyé une mise en demeure à Jacques Duchesneau. Le député caquiste refuse de se rétracter. Pire, il a l’appui de son chef, François Legault.
André Boisclair est l’ami d’un entrepreneur, Paul Sauvé, qui a accepté les Hells Angels dans son giron sans s’en vanter publiquement. Les Hells Angels vendent de la cocaïne, une drogue autrefois consommée par M. Boisclair. J’ai beau brasser les cartes, je n’arrive pas à voir les liens qui semblent si clairs au yeux de Jacques Duchesneau.
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