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Frères

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FrèresIls avançaient au milieu des battements d’ailes et des cris des oiseaux qui s’envolaient autour d’eux par dizaines. Leurs pieds s’enfonçaient dans la vase. L’odeur du sel emplissait leurs narines, mêlée à celle d’une eau boueuse, stagnante, marécageuse. Le premier, manchot, marchait devant, d’une démarche incertaine, comme si son membre manquant nuisait à son équilibre. Le second le suivait quelques mètres plus loin avec ses bras d’infirme, trop courts pour son corps. Tous deux avaient de l’eau jusqu’au ventre et la sueur coulait le long de leurs visages, si semblables avec leurs regards noirs et leur air de dieu étrange, primitif.

Ils ne s’étaient jamais aventurés si loin dans les marais côtiers. Mais ce jour-là, les mouettes et les cormorans s’y étaient réunis par centaines, criant, battant des ailes, faisant claquer leurs becs. Un couple d’urubus à tête rouge planait même au-dessus de la scène. Ces charognards ne s’étaient pas réunis pour rien : la nuit dernière, la tempête avait dû abandonner quelque chose sur les côtes marécageuses. C’est le plus jeune des deux frères qui avait eu l’idée d’aller voir. L’aîné avait accepté, sans avouer qu’il craignait la marée qui pourrait les surprendre dans les marais. Mais il marchait maintenant devant, écartant les herbes hautes de son seul bras, et c’est lui qui avait vu l’oeil en premier, dévoilé à son approche par la fuite des oiseaux occupés à le dévorer.

C’était l’oeil d’un monstre venu de mondes inconnus des deux frères, d’univers abyssaux où grouillaient des créatures semblant appartenir à un ordre des choses qui leur était étranger. Autour de son corps mou s’étiraient de longs tentacules blanchâtres légèrement putréfiés qui flottaient sur l’eau du marais. Des ventouses s’y ouvraient comme en une longue série d’yeux ou de gueules édentées. Les deux frères regardaient silencieusement la scène, le cadet s’étant rapproché de l’aîné, installé à ses côtés, là où aurait dû se trouver son bras manquant. Au-dessus d’eux, des oiseaux s’étaient réunis, volaient et criaient, masquant le soleil, impatients de retrouver leur festin. Dans l’ombre, l’oeil mort de la bête semblait regarder les deux frères malgré le sang noir qui s’en écoulait. Le plus jeune dit : « C’est un signe. Ce n’est pas pour rien. C’est aussi de la mer qu’est venu notre chien de père. »

De retour chez eux, ils n’avaient rien dit à leur mère, occupée à cuisiner un ragoût de chèvre. Et de toute façon, ils savaient qu’il n’y aurait bientôt plus la moindre trace de leur découverte, qu’elle disparaîtrait, dévorée de jour par les mouettes et les autres volatiles marins, et de nuit par des rats, des loutres voraces, des chiens errants, et en tout temps par des hordes d’insectes volants et rampants qui creuseraient son corps, s’enfonçant dans sa chair comme en d’innombrables terriers et qui, à terme, n’en laisseraient rien : aucune trace, aucune preuve de son existence.

Ils n’en avaient rien dit à leur mère, ils ne savaient pas si elle les aurait crus, mais ils savaient que la bête correspondait à ce qu’elle leur disait de la Grande Mare, l’océan, de cette étendue infinie d’eau noire et agitée, imprévisible et dangereuse, qui s’ouvrait devant eux, mais fermait leur univers, et où vivaient, leur disait-elle, des créatures monstrueuses, démesurées, des poissons bicéphales, des tortues aux carapaces grosses comme des îles, des baleines aux bouches si grandes qu’elles pouvaient avaler des cités entières. Ils n’en avaient rien dit à leur mère, comme ils lui parlaient de moins en moins de leur vie au fur et à mesure qu’ils grandissaient, encore enfants mais de plus en plus adultes, affranchis, et qu’elle sortait de moins en moins de leur maison de planches grises, peu à peu gagnée par la cécité, sachant toujours nourrir ses chèvres, ramasser les plantes qui poussaient dans la plaine et les algues que la marée laissait sur la grève, mais incapable de voir ses fils courir au loin sur les collines qui s’élevaient derrière les marais, là où ils aimaient sentir le vent souffler sur leur corps et y déposer des gouttelettes d’eau salée venues de l’océan.

Ils grandissaient et elle ne semblait pas les voir grandir, elle qui les avait eus si tard, à un âge où l’on ne devient plus mère, et où son corps vieillissant, couvert d’une peau sèche, ridée et un peu lâche, avait dû retrouver pour eux la vigueur de la jeunesse. Et chaque soir à l’heure du coucher, elle leur racontait encore, comme aux premières années de leur vie, des histoires anciennes et inquiétantes, celles de tout ce mal qu’amenait l’océan, lui qui avait amené un jour leur « chien de père », qu’elle disait tantôt arrivé sur une barque, tantôt sur un vieux rafiot ou même encore jeté sur la grève le lendemain d’une tempête ; un géniteur de passage, dont le récit de l’arrivée variait avec le temps et au gré des humeurs de la vieille.

La suite ? Dans le livre…

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Visiter les Calanques de Marseille c’est comme voyager au bout du monde dans un endroit à la fois mythique et captivant. Mais comment se permettre une telle fantaisie ? Justement, une sortie dans les Calanques rentre pratiquement dans l’air du temps et peut convenir à n’importe quel voyageur. Mais pour bien marquer cette journée, autant s’assurer d’avoir fait le bon choix du circuit.

Autour des itinéraires dans les Calanques

Avant de se décider de quel circuit choisir, toujours est-il d’évoquer les itinéraires possibles pour une sortie dans les Calanques avec Bleu Evasion. Du Parc national des Calanques, on peut certainement prendre le large en direction des plus belles calanques de Marseille entre Sormiou et Cassis. Le parc national des Calanques est une destination mythique pour ceux qui rêvent d’évasion sur la grande bleue. La visite promet détente absolu et dépaysement total. Du parc national également, on passe d’une ville à une autre depuis Sugition à Morgiou en passant par Port Pin et Port Miou. Un autre itinéraire reste envisageable pour une sortie dans les Calanques. Il s’agit du circuit dans l’archipel de Frioul. Les îles de Frioul proposent de multiples activités nautiques mais aussi des randonnées terrestres à part entière. Le château d’if fait partie intégrante du voyage et convie à une découverte historique sans parler de la fameuse légende de Monte Cristo.

Le circuit dans les Calanques de Marseille

Pour mieux trancher, autant passer en revue toutes les possibilités de circuit à commencer par le circuit des Calanques. Il reste propice à une simple visite qu’à la pratique des activités nautiques. Voyager au cœur du parc national de Marseille est un honneur pour ceux qui aiment la nature et à ceux qui recherchent une échappée belle. En d’autres termes, il n’y a pas meilleur endroit pour se perdre que dans le parc national. D’ailleurs, ce ne sont pas les activités qui manquent en dehors des plaisirs nautiques. Visiter le parc national c’est comprendre l’intérêt pour la préservation de ce milieu fragile doté d’une biodiversité rare au monde. Les voyageurs peuvent passer d’une Calanque à une autre et profiter des paysages immaculés qui se succèdent au rythme du bateau. A ce propos, la location d’un bateau s’impose également lorsqu’on souhaite vivre une expérience de voyage inoubliable dans les Calanques. On peut trancher entre un bateau à moteur et un Catamaran.

Le circuit dans l’archipel de Frioul

Frioul est un vrai paradis pour les plaisanciers et les férus des sports nautiques. Il s’apparente plus à une pratique d’activités nautiques qu’à une simple découverte des îles. Faire une immersion dans l’archipel de Frioul c’est comme s’évader dans un monde sorti tout droit d’un conte de fée. Au programme : la plongée sous marin, le scooter sous marin, la baignade, la bouée tractée, le farniente et la visite des îles et en particulier du Château de l’île d’If. En bref, choisir un circuit dans les Calanques n’est pas évident, raison de plus pour personnaliser son excursion en combinant les deux circuits en un seul voyage.


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