Au début, on croit qu’il va disparaître dans sa chemise. Puis, l’acteur, auteur et un brin chanteur Simon Lacroix s’accommode à notre présence. « J’ai du lourd en moi que j’essaie d’alléger par l’art. » Il a gardé de ses études en philosophie à l’Université d’Ottawa une quête métaphysique : qui-suis-je-où-vais-je-que-veux-je ? « Je vais dans une belle brume et je veux la paix et des couleurs. »
Poil roux, œil myosotis, physique d’adolescent prorogé ; dans le peloton de tête de la génération de comédiens dont le talent se propage de tous côtés. À commencer par l’écriture. La sienne nous entraîne dans un monde parallèle, une interzone de déglingue poétique. Témoin : Deep, la websérie qu’il a scénarisée — qui a remporté les Gémeaux 2013 pour la meilleure série originale de fiction produite pour les nouveaux médias, ainsi que pour la meilleure interprétation, la sienne, en l’occurrence. Dans la 10e et dernière capsule, Delphine annonce à Adrian (rôle joué par Lacroix) qu’il n’existe pas. « C’est gros ce que tu me dis là », rétorque l’éberlué. Dans les épisodes précédents, on l’aura vu lire dans les pensées de ses colocs, apprendre qu’il porte l’infini en lui, interroger son reflet dans le miroir. Contenu absurde, ton crédible : engouement immédiat. Pour Ztélé, il a terminé une autre série, Agent secret, aussi en rupture avec le réel, cette fois bourrée d’action et de phéromones. Diffusion en avril 2014.
Avec Raphaëlle Lalonde et Sonia Cordeau, Simon a écrit et interprété Projet Bocal, pot-au-feu hilarant de saynètes et de chansons. Échantillon : une femme, atteinte de « clémentite », élimine des clémentines par tous ses orifices. On y parle d’ontologie, de couple, de famille. Quand on lui demande de définir ses textes : « C’est comme si vous me demandiez d’attraper l’invisible. »
Véritablement révélé par les ateliers d’exploration dirigés par Patricia Nolin au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, où il reçoit son diplôme en 2011, le comédien impose vite sa physionomie originale, ses fortes convictions, sa palette de couleurs.
Les prochains mois, on le verra beaucoup sur scène : Le balcon, au Théâtre du Nouveau Monde, Marie Tudor, au Théâtre Denise-Pelletier, Testament, au Théâtre de Quat’Sous. Mais avant, il joint les 24 passeurs de Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent (Cinquième Salle de la Place des Arts, du 27 au 29 sept.), bombance d’émotions proposée par Loui Mauffette.
« Ce va-et-vient entre l’euphorie et l’angoisse, le doute et la créativité, états concomitants du métier que j’ai choisi, me garde les yeux ouverts. » N’en déplaise à la photo.
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Parlant de Poésie, sandwichs et autres soirs qui penchent, appréciez la palette d’artistes : Betty Bonifassi, Céline Bonnier, Nathalie Breuer, Jean-François Casabonne, Bénédicte Décary, Maxime Denommée, Christian Essiambre, Clara Furey, Stéphane Gagnon, Maxim Gaudette, Émilie Gilbert, Koriass, Simon Labelle-Ouimet, Roger La Rue, Simon Lacroix, Benoît Landry, Ève Landry, Julie Le Breton, Fanny Mallette, Loui Mauffette, Yves Morin, Iannicko N’Doua, Patricia Nolin, Yann Perreau, Éric Robidoux. Et avisez le programme : de Jim Morrison à Marguerite Duras, de Patrice Desbiens à Marina Tsvetaïeva, de Jean Genet à James Joyce, en passant par Jean-Sébastien Larouche, Marie Uguay, Claude Gauvreau, Arthur Rimbaud, Attila József, Émile Nelligan, Geneviève Desrosiers, Tony Tremblay, et bien sûr… un peu de Guy Mauffette. Sans parler de la musique, des chansons, des mouvements, d’un bout de chorégraphie de Dave St-Pierre… Cela s’appelle du bonheur. Achat de billets: ici.
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