
Andres Norambuena et Sébastien Ouellet en train de tester leur son «perturbateur» dans les puissants haut-parleurs du Centre Bell. Photo: Boogie Studio
Cet hiver, le Canadien s’est muni en catimini d’une toute nouvelle arme qu’il peut dégainer lorsqu’il joue à domicile : un son « perturbateur » conçu sur mesure pour déstabiliser l’adversaire dans les moments clés d’un match.
« On veut que le Centre Bell soit l’endroit le plus hostile possible pour les autres équipes, dit le directeur du marketing du Canadien, Jon Trzcienski. On veut que ce soit bruyant, intimidant. »
Intrigué par un son puissant entendu lors d’un match des 49ers de San Francisco, de la Ligue nationale de football (NFL), il a contacté la direction de l’équipe américaine pour savoir s’il pouvait s’en servir au Centre Bell. « Comme les 49ers avaient créé ce son précisément pour eux, ils ont refusé de le partager avec nous, ce qui est compréhensible. »
Trzcienski s’est donc tourné vers l’un des créateurs sonores les plus en vue du Québec, le Boogie Studio, qui signe la musique de plusieurs grandes campagnes publicitaires à la télé.
« Notre premier essai était beaucoup trop psychédélique », dit Andres Norambuena, cofondateur du Boogie Studio, niché dans un bâtiment historique de la place D’Youville, dans le Vieux-Montréal. Après quatre versions, Norambuena et son complice, le mixeur Sébastien Ouellet, ont accouché d’un son qui ressemble à celui pro-duit par le moteur d’un gros avion de ligne au décollage.
« Ça monte sans fin et quand on pense que c’est fini, ça monte encore », dit Norambuena en me faisant écouter la bande sonore finalement choisie par la haute direction du club. « Quand ça arrête enfin, le Centre Bell veut fendre en deux ! »
Ci-dessous, Andres Norambuena présente une version raccourcie de ce son :
Ce son a été utilisé pour la première fois le 2 mars, lors de la troisième période d’un match entre le Canadien et les Penguins de Pittsburgh. Tout juste avant une mise au jeu, à quelques mètres du filet de Tomas Vokoun, une puissante pulsation de 110 à 120 décibels a fait vibrer les baies vitrées du Centre Bell ainsi que le « septième joueur » de l’équipe (la foule).
Ce soir-là, le Canadien a perdu le match de justesse, en prolongation, mais l’arme s’est montrée plus efficace les deux fois suivantes où on y a eu recours. Les dirigeants du Canadien comptent s’en servir avec parcimonie. Jamais avant la troisième période, et seulement quand le match est serré et que le « Tricolore » sent le besoin de désarçonner son adversaire.
Le son perturbateur n’est que le plus récent ajout à l’arsenal sonore dont dispose l’équipe de production des matchs du Canadien. Deux ans après avoir racheté l’équipe, en 2009, Geoff Molson a repêché l’ancienne organiste du Forum, Diane Bibeau, dont le remplacement par un disc-jockey, en 2002, avait créé de la grogne chez les puristes.
« Même si le Canadien perd, on veut toujours que les partisans vivent un moment unique », dit Jon Trzcienski, qui doit aussi composer avec la dimension linguistique — parfois explosive — des choix musicaux durant les matchs. « On cherche un équilibre entre la musique anglophone et francophone, entre les traditions et l’innovation. »
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