Terrasser le monstre du déficit commercial du Québec – 1 La prise de conscience

Mardi, 15 Octobre 2013 17:09 Stéphane Gobeil
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Photo: Jacques Boissinot/Presse canadienne

Photo: Jacques Boissinot/Presse canadienne

Pour comprendre l’origine de la nouvelle politique économique du gouvernement Marois, il faut d’abord prendre conscience des défis auxquels le Québec est confronté.

À l’approche de l’Halloween, nous ferions bien de commencer à nous inquiéter d’un de ceux-là, je parle du monstre qui se dresse devant nous: le déficit commercial.

Je ne m’appesantirai pas longtemps sur le défi à court terme, qui consiste à stimuler l’économie en devançant des investissements dans les infrastructures scolaires et sportives et en offrant des crédits d’impôt pour stimuler les investissements privés.

C’est autre chose pour les défis à long terme. J’en soulignerai trois:

  1. Le déficit d’investissements privés;
  2. Le déficit de productivité de nos entreprises et plus généralement de notre économie;
  3. Le déficit commercial international.

Le déficit d’investissements privés

Cela pourra en surprendre certains de voir le gouvernement péquiste essayer de stimuler avec autant de force l’investissement privé. Ce parti tient pourtant le même discours depuis des années, avant même le départ de François Legault. C’est que depuis la crise économique de 2008, la croissance économique repose de plus en plus sur les investissements publics. Le tableau suivant, tiré des données de l’ISQ, en constitue l’illustration:

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Il faut donc vigoureusement soutenir et attirer les investissements privés et c’est ce que le gouvernement a décidé de faire. Deux mesures en particulier visent à atteindre cet objectif: le congé d’impôt de dix ans pour les investissements majeurs a été bonifié et l’offre d’électricité propre à bon prix à partir des surplus. Plusieurs autres moyens sont mis en oeuvre et comme le gouvernement a déjà engrangé quelques succès, il a décidé d’intensifier ses efforts.

Le déficit de productivité

Depuis des années, toutes les études sur le sujet en arrivent à la même conclusion: les entreprises québécoises ont pris du retard en matière de productivité.

Le plan économique du gouvernement tente de faire d’une pierre deux coups avec des bonifications au crédit d’impôt à l’investissement des PME et le nouveau crédit d’impôt de 25 % sur les dépenses d’intégration des technologies de l’information dans les PME manufacturières.

Ces mesures s’appliquent immédiatement, de façon à convaincre les entreprises d’investir dès maintenant. Le gouvernement souhaite donc améliorer la productivité à moyen terme et stimuler l’économie à plus court terme.

Le monstrueux déficit commercial

Mais le plus grand défi auquel l’économie québécoise est confrontées, c’est le déficit commercial, devenu monstrueux. En 2011, il a atteint un sommet record de presque 30 milliards de dollars.

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Cela signifie que, chaque jour, il y a 82 millions de dollars qui sortent du Québec pour ne plus revenir. 82 millions de nos dollars investis hors du Québec, pour créer des emplois à l’étranger.

Il est urgent d’inverser cette tendance et c’est ce que le gouvernement tente de faire avec sa politique économique, qui repose sur une vision à long terme. On notera d’ailleurs que des deux milliards de nouveaux investissements, seulement 52 millions sont prévus pour l’année en cours. L’essentiel sera investi dans les trois prochaines années.

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Cette vision repose sur la recherche et l’innovation, la formation de la main-d’oeuvre, la productivité accrue de nos entreprises, leur accompagnement sur les marchés d’exportation et l’électrification des transports.

La prise de conscience

Dans les dernières années, nous avons pris conscience au Québec de plusieurs défis importants. Cette première étape de lucidité est essentielle si nous voulons les surmonter.

Nous l’avons fait pour les finances publiques avec le déficit zéro à la fin des années 90. Nous l’avons fait pour le choc démographique avec les politiques familiales et il reste du chemin à faire au niveau des retraites et du virage des soins à domicile en santé. Nous l’avons fait pour le déficit d’entretien de nos infrastructures avec des investissements massifs. Nous l’avons fait pour la corruption qui s’était installée au cours de la dernière décennie avec des actions vigoureuses.

Après les années de laisser-faire libéral sur cette question cruciale, le gouvernement Marois a le mérite, dans sa nouvelle politique économique, de nous faire prendre conscience du nouveau défi posé à notre économie par le déficit commercial. Extrait:

«Le déficit de la balance commerciale du Québec augmente, représentant chaque année une perte de richesse qui ne cesse de s’amplifier.»

Le déficit commercial se dresse comme un mur sur le chemin de notre prospérité et ce monstre, malheureusement, sera toujours là au lendemain de l’Halloween.

Comment le terrasser ?

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